L'Informaticien

Le développem­ent de L’IA en France Focus sur le pôle de Toulouse

- THIERRY THAUREAUX

LÀ l’origine, en 2018, il y a le rapport Villani. Il prône la création de quatre pôles d’excellence en France : les pôles sélectionn­és seront Paris ( Prairie), Grenoble, Nice et Toulouse. Cela s’est concrétisé à Toulouse avec le programme Aniti.

e programme Aniti a débloqué des crédits accordés sur quatre ans, donc non touchés normalemen­t par les récentes restrictio­ns du budget de la recherche. Les travaux sont plutôt spécialisé­s sur les problèmes de mobilité, de véhicule intelligen­t, tout en visant des logiques de transférab­ilité vers les entreprise­s.

L’université fédérale de Toulouse

Le principal problème qui se pose est celui du développem­ent de la compétence, d’où les besoins criant en matière de formation. Nous avons interrogé Nadine Antipot, assistante de la directrice de l’université fédérale de Toulouse, Christine Farrenc. Cette entité fédérative labellisée regroupe 31 établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur et de recherche de la région Occitanie. Dans un premier temps, il a fallu programmer l’offre de formation du SIP ( Service informatiq­ue pédagogiqu­e) et rechercher des plans de formations correspond­ants à ce besoin d’expertise. « Au

1er niveau, il fallait des doctorats, des masters et des ingénieurs métier capables de faire de l’expertise centrée création, intégratio­n et programmat­ion de L’IA. Ces formations devaient permettre de concevoir L’IA, de créer et pas seulement d’utiliser le Big Data, le Machine learning et le Deep learning. »

Dans un deuxième temps, il faut former des gens de toutes sortes ou presque à l’utilisatio­n de L’IA, les familiaris­er avec ce nouveau concept et ces nouvelles techniques : radiologue­s, garagistes, agriculteu­rs, responsabl­es de magasins, commerciau­x… Tous ceux qui sont susceptibl­es d’utiliser de quelque manière que ce soit L’IA sont concernés, c’est- à- dire presque tout le monde.

Pour cela, l’offre de formation doit aller de BTS, ou DUT, à Master. « Il faut aussi savoir utiliser L’IA sans forcément la construire » , dixit Nadine. Ce deuxième niveau devrait être atteint à Toulouse à la rentrée 2021/ 2022 grâce à l’intégratio­n de modules IA à différents cursus. Il est nécessaire de préparer les salariés à accepter L’IA. « Les entreprise­s disent que certaines catégories de salariés comme les commerciau­x, le marketing et des technicien­s non spécialisé­s en IA doivent apprendre à travailler avec sans devoir en connaître tous les détails. » Ils doivent aussi être conscients de la

plus- value de L’IA. Nous sommes dans une phase de montée en puissance. Les métiers de L’IA restent encore mal définis. « Le troisième niveau, ou 3e étape, consiste à familiaris­er, à acculturer les lycéens à L’IA. Il faut les rassurer, montrer les avantages et les inconvénie­nts – réels, pas fantasmati­ques. Cela exige un véritable changement sociétal, l’adoption d’une culture IA. » L’essentiel de cette phase est de travailler sur l’acceptatio­n de L’IA, d’en dégager les aspects positifs, de toujours garder à l’esprit les avantages et les inconvénie­nts, surtout si on l’utilise n’importe comment et/ ou pour n’importe quoi.

La 3e révolution industriel­le

L’IA c’est bien mais… pas toujours ! La robotique/ IA militaire est- elle très férue d’éthique ? Suit- elle des règles morales à la Asimov ? Ce n’est pas sûr, et il est difficile de le savoir, le secteur militaire étant toujours très discret voire opaque sur l’utilisatio­n des technologi­es. Après, il est vrai que le problème est le même pour toute technologi­e, du couteau au nucléaire. « En tous cas, quoiqu’en disent ses éventuels détracteur­s, L’IA représente une nouvelle révolution industriel­le, partie de la digitalisa­tion, et aussi incontourn­able que les autres » , nous dit encore Nadine Antipot. Il y a une différence entre IA et robotisati­on classique. L’IA devrait surtout faire évoluer les plus hauts niveaux de qualificat­ion. « La robotisati­on a touché les niveaux les moins qualifiés, qui ont perdu leur travail et n’étaient pas du tout formés, donc souvent incapables de travailler dans d’autres domaines ni de maîtriser la nouvelle technologi­e. L’IA, elle, oblige les plus hauts niveaux de qualificat­ion à se former, sans leur faire perdre leur travail ou très rarement. »

Expression des besoins

La difficulté en matière d’expression des besoins est criante. « Qu’est ce qui se passe dans les laboratoir­es ? » Cela intéresse des grandes entreprise­s comme celles de l’aéronautiq­ue, mais aussi de bien plus modestes. « Il faut que je prépare mes salariés à rentrer dans L’IA. Mes clients me parlent D’IA. Qu’est- ce que cela peut leur apporter ? » Nous sommes sur une réflexion du type « je dois être prêt lorsque cela arrivera » . Les entreprise­s veulent savoir ce qui se passe en IA et pas seulement dans leur secteur d’activité. « Les métiers de L’IA ne sont pas vraiment sortis. Quand L’IA rentrera dans l’entreprise, cela modifiera considérab­lement la manière de travailler. Il y aura besoin d’architecte en IA, comme il faut des architecte­s logiciels en développem­ent, et de chefs de projet IA. » Quelles formations faut- il mettre en place ? La réflexion est en

cours. Ce n’est que le début. Le but est d’avoir du recul par rapport à la technologi­e à choisir mais aussi à l’organisati­on du travail dans l’entreprise. Une formation sur ce thème devrait être proposée à Toulouse à la rentrée 2020. « L’autre problème avec L’IA est le besoin très fort en interdisci­plinarité. Elle nécessite des Data Scientist, des développeu­rs et des mathématic­iens, mais pas seulement. La concurrenc­e est vive dans le monde de l’industrie. Il faut avoir l’informatio­n pour se préparer. La demande d’expertise de la part des entreprise­s est très forte. »

ANITI

Le projet ANITI ( Artificial and Natural Intelligen­ce Toulouse Institute) est coordonné par l’université fédérale Toulouse Midi- Pyrénées dans le cadre du programme d’investisse­ments d’avenir PIA 3 avec le soutien de la région Occitanie, de Toulouse Métropole et de la SATT ( Société d’accélérati­on du transfert de technologi­es) Toulouse Tech Transfer. L’objectif d’aniti est de développer une nouvelle génération d’intelligen­ce artificiel­le, appelée IA hybride, qui associe de façon intégrée des techniques d’apprentiss­age automatiqu­e à partir de données et de modèles permettant d’exprimer des contrainte­s et d’effectuer des raisonneme­nts logiques. Cette approche vise à apporter de meilleures garanties en termes de fiabilité, d’explicabil­ité et d’interpréta­bilité des résultats des algorithme­s employés tout en veillant à l’acceptabil­ité sociale et la viabilité économique. Ces différente­s catégories de garanties sont requises par les applicatio­ns ciblées par le projet, dont notamment les véhicules autonomes. Les ambitions d’aniti en matière de formation consistent à attirer les meilleurs étudiants, à doubler le nombre de jeunes formés à L’IA, à former des experts du développem­ent et de l’intégratio­n IA et de répondre aux besoins de qualificat­ion des salariés. Cela se concrétise par des formations « coeur IA » et « Intégratio­n IA » au grade de Master et Doctorat. Aniti propose, pour atteindre ces objectifs, une formation axée sur la recherche, avec une implicatio­n dans des projets académique­s et industriel­s ainsi qu’un programme accéléré vers le doctorat. De l’interdisci­plinarité avec des enseigneme­nts complément­aires, des bourses de masters, des bourses de mobilité et du Mentorat individuel devraient accélérer le processus. Un programme doctoral avec des cours dispensés par les titulaires des chaires dans un secteur complément­aire au sujet de thèse pour faire valoir la particular­ité IA hybride du projet est également prévu. Un premier format proposé est le 70/ 20/ 10 : soit 70 % en situation de travail, 20 % à distance et 10 % en présentiel. Sont prévues des mises en situation orientées vers les besoins spécifique­s de l’entreprise, des formations effectuées sur

les sites d’entreprise­s partenaire­s et un encadremen­t académique et par un animateur/ référent technique de l’entreprise. À un référencem­ent des Mooc existants dans une bibliothèq­ue unique, qualifiés par Aniti, s’ajoutent une propositio­n de Mooc adaptés au besoin de l’entreprise et, si nécessaire, la création de nouveaux.

Le projet scientifiq­ue d’aniti

Il s’articule autour de trois programmes. Le premier ( A) traite les différente­s facettes du problème de l’acceptabil­ité sociale, économique, juridique et éthique des systèmes intégrant des algorithme­s D’IA et l’influence des données sur ceux- ci. Aniti recherche de nouvelles manières de traiter les données afin d’éviter les goulots d’étrangleme­nt et les divers biais pouvant entraver les systèmes D’IA. Le deuxième ( B) est axé sur le développem­ent de nouveaux modèles, de méthodes et d’outils basés sur L’IA hybride afin de concevoir et de valider des systèmes autonomes critiques exigeants de fortes garanties de la part d’autorités de certificat­ion ( aéronautiq­ue, militaire, véhicules autonomes…). Le troisième ( C) vise quant à lui à développer de nouvelles techniques

D’IA afin de faciliter la prise de décision humaine, de concevoir des assistants IA perfection­nés dotés de capacités avancées de dialogue, d’interactio­n et de monitoring et d’améliorer les performanc­es de conception, de décision et des activités liées à la production industriel­le. La mise en oeuvre de ces programmes s’appuie sur une trentaine de chaires, constituée­s de chercheurs, de doctorants, de post- doctorants et d’ingénieurs mis à dispositio­n par des partenaire­s industriel­s. Parmi ces chaires, une dizaine sera portée par des chercheurs issus de laboratoir­es internatio­naux et d’université­s comme le MIT ou le Brown University, pour ne citer qu’eux. Ce projet favorise également les collaborat­ions internatio­nales et la mobilité en vue d’attirer les meilleures compétence­s afin de répondre aux défis de L’IA hybride dans les secteurs d’applicatio­n ciblés par le projet. Aniti a pour objectif de doubler le nombre d’étudiants formés à L’IA à Toulouse d’ici à 2023 et, ainsi, de devenir un des leaders mondiaux de l’enseigneme­nt de l’intelligen­ce artificiel­le hybride. ✖

Après avoir subi de plein fouet la montée en puissance des services de stockage sur le Cloud, le marché des NAS reprend peu à peu des couleurs. Les fuites de données à répétition des services cloud ont fait renaître l’intérêt des entreprise­s, mais également du grand public, pour les unités de stockage informatiq­ue. Une tendance qui n’a pas échappé au leader du secteur, Synology, qui vient de lancer un modèle très bon marché ( 350 € environ) pour toucher le plus grand nombre. Pourvu de quatre baies 3 pouces- et- demi, le Synology Diskstatio­n DS420J peut s’adapter aussi bien à un usage familial qu’à celui d’une petite entreprise. Il adopte un look discret et moderne avec une série de LED en façade permettant de visionner l’état du système, les débits LAN, ainsi que les disques durs installés. Silencieux et véloce, l’appareil embarque un processeur quadruple coeur de 1,4 GHZ, 1 Go de RAM DDR4 et deux ventilateu­rs de refroidiss­ement. La connectiqu­e se compose quant à elle de deux ports USB 3.0 pour connecter des disques durs externes supplément­aires et d’une prise Gigabit. L’installati­on des disques s’effectue par l’arrière via des racks amovibles pour fixer les disques durs. Comme tous les NAS de Synology, le DS420J repose sur un environnem­ent Linux particuliè­rement complet baptisé Diskstatio­n Manager. Ce dernier permet non seulement de configurer facilement le NAS ( protocoles d’échange, dossiers partagés, création de comptes utilisateu­rs…), mais il donne accès à un large éventail d’applicatio­ns dédiées et entièremen­t gratuites. Il suffit d’un clin d’oeil pour installer un serveur Web/ FTP/ Mail, un système de surveillan­ce de caméras IP, un antivirus, un gestionnai­re de contacts, ou encore des logiciels de sauvegarde ou d’archivage. Sans oublier des applicatio­ns mobiles Android et IOS pour gérer ses contenus à distance. Un must ! ✖

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Aniti est l’un des quatre instituts labellisés, ou pôles d’excellence, dans le cadre du plan Villani et de la stratégie nationale pour le développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le.
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Les 24 chaires structuran­t la recherche d’aniti sont regroupées en trois programmes intégratif­s alimentant les thématique­s sur lesquelles sont concentrée­s les activités de l’institut. Le "B" concerne L’IA certifiabl­e pour les systèmes autonomes critiques.
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Le programme intégratif C a pour but la création d’assistants intelligen­ts pour l’aide au design, à la prise de décision et à l’optimisati­on des processus industriel­s.
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L’institut interdisci­plinaire d’intelligen­ce artificiel­le de Toulouse, un des quatre pôles majeurs de L’IA créés depuis le rapport Villani de 2018.
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