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Les enchères décalées, Huawei autorisé mais pas partout !

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Mise en pause lors du confinemen­t, la procédure d’attributio­n des fréquences de la bande 3,4 - 3,8 GHZ a été relancée par l’arcep. Le gendarme des télécoms a annoncé que les enchères des onze blocs de 10 MHZ encore disponible­s, initialeme­nt prévues en avril, se tiendront entre les 20 et 30 septembre prochain. « Ce nouveau calendrier permettra à l’arcep et aux quatre candidats – les sociétés Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR – de conduire les préparatif­s nécessaire­s à l’organisati­on matérielle de l’enchère d’ici là » , explique le régulateur.

Bien conscient qu’un calendrier strict des déploiemen­ts n’est plus tenable du fait de la crise sanitaire, il lève en outre l’obligation du cahier des charges qui imposait cette ouverture dans au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020. Obligation qui n’était guère réaliste compte tenu du retard pris, mais aussi de l’incertitud­e entourant jusqu’à très récemment le cas Huawei. L’autorisati­on de pouvoir déployer le matériel de l’équipement­ier chinois était suspendue à la décision de l’anssi.

En effet, avec la loi dite anti- Huawei adoptée en juillet 2019, les opérateurs doivent avant de déployer leurs réseaux 5G obtenir le feu vert du régulateur. Mais l’aval de l’anssi concernant Huawei tardait à venir, au grand dam de Bouygues et de SFR. Tous deux avaient déjà recours à l’équipement de Huawei pour leurs réseaux 2G, 3G et 4G, avec en cas de bannisseme­nt du géant, un démantèlem­ent forcé des antennes existantes pour des questions de compatibil­ité de matériels. Bouygues Télécom, surtout, a été particuliè­rement engagé ces dernières semaines, appelant à ce que les enchères soient décalées à la fin de l’année, voire au début de 2021. Martin Bouygues lui- même, auditionné par le Sénat, soulignait qu’il n’y a pas lieu de se presser considéran­t que les usages pour le grand public n’apparaîtro­nt véritablem­ent qu’en 2023 ou 2024. La décision de l’arcep d’organiser les enchères n’a donc pas enchanté les deux opérateurs, qui menaçaient d’aller en contentieu­x si jamais l’exécutif décidait de fermer la porte à Huawei. Mais, dans une interview aux Echos début juillet, Guillaume Poupard a levé une partie du mystère. Assurant que « les décisions sont prêtes » , le patron de l’anssi confirme que Huawei ne sera pas banni de France, mais que sa présence n’y sera que partielle. « Il y aura des refus » , explique- t- il, précisant que ceux- ci ne concernent pas Nokia et Ericsson, puisque ces derniers sont des Européens. Samsung et ZTE ne sont pas mentionnés, mais on supposera que, non- européens, ils seront soumis aux mêmes règles que Huawei. « Les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c’est un peu le sens naturel des choses. À ceux qui l’utilisent déjà, nous délivrons des autorisati­ons dont la durée varie entre trois et huit ans » , explique Guillaume Poupard, qui ne précise pas cependant quels sont les équipement­s touchés par les refus de l’anssi, si seul le coeur du réseau est concerné, si l’agence a procédé à un découpage géographiq­ue ou encore si même les antennes peuvent faire l’objet d’un refus. « Ce n’est pas un procès d’intention que l’on fait à telle entreprise ou tel pays. La question, c’est juste celle de la souveraine­té » , plaide Guillaume Poupard.

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