L'Informaticien

Les polices européenne­s infiltrent

Encrochat

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Tout commence en 2017, quand les gendarmes français commencent à enquêter sur des téléphones sécurisés retrouvés aux cours de plusieurs opérations contre le crime organisé. Ces terminaux viennent d’encrochat, décrit par Europol comme « l’un des plus grands fournisseu­rs de communicat­ions numériques chiffrées avec une part très élevée d’utilisateu­rs vraisembla­blement impliqués dans des activités criminelle­s » .

On parle ici de « cryptotélé­phones » , des terminaux mobiles vendus par Encrochat garantissa­nt à l’utilisateu­r anonymat ( pas d’associatio­n d’appareil ou de carte SIM sur le compte du client, acquisitio­n dans des conditions garantissa­nt l’absence de traçabilit­é) et discrétion ( double système d’exploitati­on masquant l’interface chiffrée, pas de caméra ni de GPS). A cela il faut ajouter des fonctions très spécifique­s, notamment la possibilit­é de supprimer toutes les données de l’appareil à distance, ou en entrant un code spécifique, ou encore en cas de tentatives répétées d’entrer un mot de passe erroné. Le tout à 1 000 euros le terminal et 1 500 euros l’abonnement de 6 mois, avec un support 24/ 7. Selon Europol, ces téléphones étaient « particuliè­rement présents » dans les pays d’origine et de destinatio­n des trafics de cannabis et de cocaïne, ainsi que dans les centres de blanchimen­t d’argent. La police britanniqu­e estime

« Celle qui semble se préciser est le développem­ent d’un logiciel malveillan­t spécifique par les forces de police pour casser le chiffremen­t » , ajoute- t- il, « quoique l’on ne connaisse pas le mode opératoire précis » . Mais peu importe la méthode, celle- ci a été efficace.

Le 13 juin, les personnes derrière Encrochat réalisent que leurs serveurs ont été compromis. Ils envoient alors un message à leurs utilisateu­rs les prévenant via un message dans un anglais hésitant de l’intrusion et leur recommanda­nt d’éteindre leurs terminaux et de s’en débarrasse­r. Depuis, les activités d’encrochat ont définitive­ment stoppé, « leurs serveurs fermés » , selon le NCA. Pour Loïc Guézo, « Nous ne sommes pas sur un sujet de cybercrimi­nalité mais un sujet innovant d’emploi du cyber par les forces de police pour démanteler un réseau criminel bien réel. »

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