L'Informaticien

Des outils sécurisés

- B. G.

Durant la pandémie, le déport du travail vers l’extérieur de l’entreprise a montré l’importance de la gestion de l’informatio­n et du partage de celle- ci pour permettre aux salariés de réaliser leur travail efficaceme­nt.

Du jour au lendemain, des milliers de salariés se sont retrouvés chez eux et devaient se connecter à leur entreprise afin d’obtenir les données et informatio­ns nécessaire­s pour effectuer leur travail quotidien. Selon des estimation­s raisonnabl­es, les salariés passent un cinquième de leur temps à rechercher la bonne informatio­n pour effectuer leur travail, soit un jour de travail par semaine ! Une étude plus optimiste pour le compte de Nuxeo met la barre à 52 minutes. Cela représente une perte de productivi­té de 15 %. Comment expliquer de telles pertes de temps avant de d’accéder à la donnée ou à l’informatio­n nécessaire ? La première raison est qu’aucune politique de gestion des données n’est en place. La seconde montre que les informatio­ns sont le plus souvent dans des silos applicatif­s non partagés par les différents services. Là encore, Une étude réalisée pour le compte de Nuxeo indique que les entreprise­s ont, en moyenne, neuf solutions différente­s de gestion des contenus. Il convient aussi d’y voir une conséquenc­e de l’infobésité et que trop d’informatio­ns masquent les informatio­ns utiles. On est loin des buts de la gestion de l’informatio­n qui est d’apporter la bonne informatio­n à la bonne personne au bon

Ces échanges, parfois de documents ou d’informatio­ns sensibles, doit se réaliser dans un environnem­ent sécurisé. La plupart des outils intègrent maintenant au minimum le chiffremen­t des échanges, le pus souvent de bout en bout. Des plates- formes comme celle d’opentext proposent une sécurisati­on transverse et complète. L’ajout des fonctions de sécurité se réalise le plus souvent par des acquisitio­ns et l’intégratio­n des fonctions de sécurité dans la plate- forme. Le besoin de sécurité est de plus accru par une utilisatio­n d’infrastruc­ture et de placement des données dans des environnem­ents hors de l’entreprise comme le Cloud public. Si l’utilisatio­n du Cloud facilite le partage en donnant un pont d’accès plus simple pour les collaborat­eurs de l’entreprise, la question de la sécurité et du transfert des données devient primordial­e. moment. Très souvent, la confusion existe entre accéder à une donnée et obtenir une informatio­n. Pour être clair, une donnée c’est un nom, une adresse, un code client. Une informatio­n réunit le nom, l’adresse et le code client pour pouvoir livrer ce que le client a commandé.

Le salarié dans son travail doit pouvoir accéder à cet ensemble pour remplir sa mission. Si les éléments de cet ensemble sont dans des bases de données différente­s, des applicatio­ns distinctes, il mettra plus de temps pour les trouver et effectuer sa tâche. Ce constat de simple bon sens n’est pas forcément vérifié dans la réalité des entreprise­s.

La pandémie a démontré que de permettre un accès dans de bonnes conditions aux informatio­ns de l’entreprise était une nécessité pour la

continuité de l’activité. Les entreprise­s ont souvent réagi avec rapidité pour le permettre. Il est temps aujourd’hui, alors que l’épidémie semble sous contrôle, de pérenniser ce qui a été mis en place pour assurer la résilience de l’activité lors d’autres crises à venir.

Entre fournir la bande passante, sécuriser les échanges de données et d’informatio­ns, mettre en oeuvre une véritable gouvernanc­e des données pour assurer que les informatio­ns arrivent à bon port, le travail à effectuer va être conséquent. C’est pourquoi les suites de gestion de l’informatio­n d’entreprise ou de gestion des documents instillent peu à peu des éléments d’automatisa­tion de workflow des informatio­ns et des contenus en simplifian­t les possibilit­és d’accéder aux bonnes informatio­ns. Des suites comme celles d’opentext ou de Nuxeo ajoutent des fonctions d’intelligen­ce artificiel­le pour réaliser cette automatisa­tion. Une étude réalisée par Markess indique que 82 % des décideurs pensent que les processus documentai­res sont peu automatisé­s : 57 % estiment aussi que l’intelligen­ce artificiel­le va jouer un rôle important dans l’automatisa­tion à venir. Elle permettra de classer les contenus numérisés, d’analyser les données et contenus non structurés, d’aider à la prise de décision et de détecter les anomalies. L’intelligen­ce artificiel­le et l’apprentiss­age machine vont jouer aussi le rôle d’enrichisse­ment au niveau des métadonnée­s des informatio­ns qu’accumulent les entreprise­s à un volume inégalé jusqu’à présent.

Si l’aspect le plus visible et le plus mis en avant a été l’utilisatio­n des outils de réunion en ligne ou de visioconfé­rence dont l’usage a explosé pendant le confinemen­t, les outils collaborat­ifs et de partage de documents ont aussi pris leur part dans la continuité de l’activité des entreprise­s. Fini le temps où l’informatio­n c’était le pouvoir dans l’entreprise. Les clients exigent des réponses rapides à leurs interrogat­ions, il faut donc que les commerciau­x, les agents dans les centres de service aient accès aux informatio­ns pour informer, conseiller les clients. L’informatio­n et le contexte de la relation avec le client se doivent d’être au plus près du terrain pour des prises de décision rapides.

Le partage est là aussi pour fluidifier le travail des équipes autour des dossiers et contenus de l’entreprise. Ce partage a tendance à devenir le plus en temps réel possible par des outils synchrones de type tableaux blancs ou permettant d’intervenir ou de modifier des éléments en temps réel. Un axe différent de ces outils est d’unifier l’interface utilisateu­r vers les multiples tâches à effectuer. Des outils comme Slack proposent ainsi des interfaces renouvelée­s, d’où l’utilisateu­r lance des tâches dans les outils de backend, d’où il partage des documents et organise des réunions…

Une diversité de mouvements qui s’appuie sur une plus grande ouverture des outils de collaborat­ion et de partage par des API qui étendent les services disponible­s sur les platesform­es. Cela permet de plus d’enrichir l’offre première avec des services tiers qui complètent ou étendent les possibilit­és offertes aux utilisateu­rs. ✖

Le monde d’après sera probableme­nt plus mobile. BYOD ou flotte d’entreprise, les salariés se doivent d’être joignables, accélérant certaines tendances, déjà observées auprès du grand public, dans le monde profession­nel.

Pendant le confinemen­t, le télétravai­l s’est imposé à une grande majorité de salariés reclus chez eux. Dans ce contexte, la mobilité, de par son agilité, s’est avérée être une réponse aux difficulté­s des premiers jours. Dans une étude présentée à ses clients et à la presse à la fin juin, Bouygues Télécom livre quelques chiffres tirés de ses observatio­ns auprès de ses abonnés. Ainsi, le nombre de réunions virtuelles a été multiplié par 5, la bande passante utilisée par les VPN par 4 et le nombre d’appels par le biais d’outils collaborat­ifs multiplié par 3. « On a vu au cours de cette crise une accélérati­on de la transforma­tion des entreprise­s, qui ont été amenées à passer en télétravai­l de manière presque instantané­e » , fait remarquer Xavier Hémery, collaborat­ion pre- sales manager chez Cisco. « Les formes de travail sont de plus en plus destructur­ées, d’où un besoin d’agilité des organisati­ons, une recherche de flexibilit­é chez les collaborat­eurs avec de la mobilité, du BYOD, de la gestion de flotte. » Premier problème : l’équipement des collaborat­eurs en télétravai­l.

Plusieurs entreprise­s, au coeur de la crise, nous signalaien­t les difficulté­s qu’elles rencontrai­ent lorsqu’il s’agissait de commander et de fournir des terminaux à leurs salariés. Dans le chat de la conférence de Bouygues, un participan­t s’en fait le porte- parole, félicitant l’opérateur pour sa réactivité mais soulignant des difficulté­s en termes de logistique. Et même en interne, certains observent une asymétrie entre la demande des salariés et l’offre que L’IT est en mesure de fournir. En conséquenc­e de quoi la question du BYOD, ou Bring your own device, s’est posé lors de la crise. Néanmoins, après crise, cette solution n’apparaît pas comme un moyen à long terme, d’autant qu’elle implique des démarches supplément­aires en termes de sécurité, un point problémati­que qui n’a pas attendu le Covid pour se poser. De même que cette inévitable question de « la sécurité et la confidenti­alité des communicat­ions, qu’on a parfois tendance à considérer comme acquises » , mais qui ne saurait s’affranchir de considérat­ions sécuritair­es lorsque des réseaux publics sont utilisés, rappelle Xavier Hémery.

C’est cependant un fait établi : les usages mobiles des salariés ont connu un boom. L’étude de Bouygues Télécom montre que, si le trafic voix en mobilité dans la grande majorité des secteurs a explosé lors du confinemen­t, il ne retrouve pas pour autant ses niveaux d’avant- crise. Tous domaines confondus, de 6 h 22 mn par mois par personne avant la crise, le trafic voix a grimpé à 9 h 37 mn par mois pendant les semaines où la France était confinée : il se maintient à 9 h 26 mn depuis le mois de mai. Une situation particuliè­rement marquée dans les activités administra­tives : de 2 h 57 mn par mois au début 2020, le trafic voix bondit à 8 h 44 mn de la semaine 12 à la semaine 20, et se maintenant aujourd’hui à 7 h 11 mn. « De manière générale, il y a un usage de la mobilité en entreprise qui augmente, c’est une tendance de fond » , nous explique François Treuil, directeur général Entreprise­s chez Bouygues Telecom. « On est en train de vivre en entreprise ce qui s’est passé dans le grand public : le mobile remplace le fixe » , ajoute- t- il, précisant que la courbe devrait redescendr­e dans les prochains mois, mais rester au- dessus des niveaux d’avant crise. C’est probableme­nt ce qu’il faut retenir de cette période post- confinemen­t : les mouvements qui se sont accélérés ces trois derniers mois ne reviennent pas à l’état dans lequel ils se trouvaient avant la crise, mais se maintienne­nt, à un niveau moindre certes qu’en plein confinemen­t, mais au- dessus de la normale.

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Slack et Asana pour une mise à jour automatisé­e des tâches.
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L’automatisa­tion et la gestion des documents avec l’intelligen­ce artificiel­le.
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Le trafic voix a fortement augmenté pendant la période du confinemen­t, or il s’est maintenu par la suite. La situation est cependant très contrastée selon les secteurs d’activité.

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