Fluidifier les tâches administratives par le numérique
Spotify et Deezer ont eu un impact sur l’industrie du disque, mais aussi sur le live, qui a pris une part prépondérante dans cette industrie. Dans le monde du théâtre, c’est exactement la même chose avec la captation et la diffusion sur les réseaux. À cette volonté de partage s’ajoute une prépondérance du contact avec le public, qui a disparu le 18 mars. C’est vers le monde numérique que s’est déplacé ce partage. » L’utilisation du numérique n’a donc pas fondamentalement évolué avec le confinement, contrairement au modèle économique. Pendant trois mois, la culture a été sur- consommé en ligne, ce que Catherine Vincent qualifie de « bulle » . « Le numérique sauve un peu la mise mais ce n’est qu’un pis- aller » , ajoute sa collègue, Marie- Noëlle Guiraud, directrice des Systèmes d’information de la SACD. On a certes vu des créations originales, des initiatives souvent faites de bric et de broc lors du confinement, mais ce sont surtout des oeuvres existantes, du stock, qui a été utilisé et arrive aujourd’hui aujourd hui à épuisement, avec les difficultés de création que l’on connaît pour les tournages de séries et de films ou encore les représentations théâtrales. « D’autant
La crise sanitaire a boosté l’utilisation de bon nombre d’outils numériques. On pense à Zoom, à Teams, à Discord. Y compris dans le monde de la culture. Pour Marie- Noëlle Guiraud, directrice des Systèmes d’information de la SACD, le confinement « a mis le pied à l’étrier de nombreuses personnes qui n’utilisaient pas du tout ces outils collaboratifs » . Et si on pense aux artistes et à leurs créations, il ne faut pas négliger la partie immergée de l’iceberg culturel, le back office, le monde de l’administration, de la production, dont les petites mains se sont retrouvées elles aussi à utiliser ces mêmes outils, à opter pour des solutions Saas, à monter des tunnels VPN pour accéder aux ressources des studios et des compagnies. Et à devoir naviguer entre les portails de tel ou tel ministère, telle ou telle administration, pour réaliser leurs démarches. Non sans difficulté parfois. « Les services numériques n’allègent pas toujours la tâche » , reconnaît Marie- Noëlle Guiraud. La SACD a pour sa part oeuvré ces dernières années à automatiser bon nombre de tâches. « Sur le spectacle vivant, le workflow principal qui se numérise c’est la demande d’autorisation et la déclaration pour l’auteur qui se dématérialise. Du côté de l’audiovisuel, c’est la détection de diffusion de contenus. Nous sommes sur des problématiques différentes, mais avec un même objectif : simplifier, accélérer et alléger. »
que le taux de remplissage des festivals en ligne est beaucoup plus faible que pour les festivals traditionnels, et que les festivals proposaient déjà des formats numériques avec des retransmissions en ligne, ce sont deux choses complémentaires mais deux expériences différentes. Or, là c’est toute la partie présentielle qui a disparu » , signale Catherine Vincent. Sans billetterie et avec des annonceurs de plus en plus frileux, les initiatives de ces derniers mois n’ont pas été rentables. « Pendant la crise, on a assisté à un phénomène paradoxal où tout le monde se trouvait derrière son écran, mais la diffusion ne générait pas de recettes » , déplore- t- elle. « Voilà des années que la culture est à la recherche de nouveaux mécanismes économiques liés au numérique, on constate que ça peine à émerger. L’internaute n’a pas propension à payer en ligne, or les outils de diffusion traditionnels reculent par rapport aux plates- formes numériques. Et si certaines jouent le jeu de la rémunération, Netflix par exemple, ce n’est pas assez pour compenser la baisse des diffusions traditionnelles. »
Covid comme accélérateur
Au final, le numérique ne fait pas que du bien à la culture, sinon en termes de visibilité et de maintien du lien avec le public. Le Grand Palais devait inaugurer son exposition consacrée à Pompéi le 25 mars dernier, mais les restrictions sanitaires se sont imposées quelques jours auparavant. Le musée fait alors le choix de proposer gratuitement aux internautes une partie de l’exposition. Une « avant- première » faite d’images, de vidéos, dont la diffusion sur France 5 et en replay du documentaire Les dernières heures de Pompéi, et de contenus audio. Mais aussi de la réalité virtuelle et augmentée, avec l’exploration en VR d’une maison pompéienne avant l’éruption du Vésuve ainsi qu’une reconstitution de la célèbre sculpture Livie en réalité augmentée.
Pour ce faire, le Grand Palais s’est associé à Gedeon Programmes, entreprise spécialisée dans les documentaires archéologiques et de patrimoine, « laquelle à partir des technologies de pointe déployées sur le site – cartographie laser, thermographie infrarouge, photogrammétrie – a réalisé des prises de vue en très haute résolution et propose des reconstitutions 3D d’une extrême précision. » Du côté d’avignon, le confinement a empêché la traditionnelle conférence de presse en présentiel. « On s’est retrouvés chacun chez soi ! Au début personne n’était très à l’aise avec les outils types Zoom et nous avions parfois des problèmes de connexion. Nous avons même dû envoyer un routeur chez l’un des collaborateurs » , narre Virginie de Crozé. Plutôt que la conférence de presse à Paris, c’est via Zoom que Olivier Py, le président du Festival, a été interrogé par deux journalistes, tandis qu’une quarantaine d’artistes envoyaient, chacun de leur côté, une courte vidéo pour raconter le festival. Publiée sur le site du festival le 18 avril, la vidéo de 45 minutes a provoqué de forts pics de connexion, absorbés grâce à la refonte du site et à son passage sur le cloud D’OVH. Mais, si le Festival d’avignon n’a pas pu s’ouvrir le 3 juillet, les amateurs de spectacle vivant ne sont pas abandonnés puisque Rêves d’avignon aura bien lieu, en partenariat avec 14 acteurs, dont l’audiovisuel public. Au programme, podcasts, captations et documentaires, diffusés aussi bien sur France TV ou France Culture que sur le site du festival ou encore disponibles en replay. Soit le mélange de deux mondes, celui de la diffusion traditionnelle et celui du numérique, à la fois si différents et si complémentaires. ✖