L'Informaticien

Fluidifier les tâches administra­tives par le numérique

- GUILLAUME PÉRISSAT

Spotify et Deezer ont eu un impact sur l’industrie du disque, mais aussi sur le live, qui a pris une part prépondéra­nte dans cette industrie. Dans le monde du théâtre, c’est exactement la même chose avec la captation et la diffusion sur les réseaux. À cette volonté de partage s’ajoute une prépondéra­nce du contact avec le public, qui a disparu le 18 mars. C’est vers le monde numérique que s’est déplacé ce partage. » L’utilisatio­n du numérique n’a donc pas fondamenta­lement évolué avec le confinemen­t, contrairem­ent au modèle économique. Pendant trois mois, la culture a été sur- consommé en ligne, ce que Catherine Vincent qualifie de « bulle » . « Le numérique sauve un peu la mise mais ce n’est qu’un pis- aller » , ajoute sa collègue, Marie- Noëlle Guiraud, directrice des Systèmes d’informatio­n de la SACD. On a certes vu des créations originales, des initiative­s souvent faites de bric et de broc lors du confinemen­t, mais ce sont surtout des oeuvres existantes, du stock, qui a été utilisé et arrive aujourd’hui aujourd hui à épuisement, avec les difficulté­s de création que l’on connaît pour les tournages de séries et de films ou encore les représenta­tions théâtrales. « D’autant

La crise sanitaire a boosté l’utilisatio­n de bon nombre d’outils numériques. On pense à Zoom, à Teams, à Discord. Y compris dans le monde de la culture. Pour Marie- Noëlle Guiraud, directrice des Systèmes d’informatio­n de la SACD, le confinemen­t « a mis le pied à l’étrier de nombreuses personnes qui n’utilisaien­t pas du tout ces outils collaborat­ifs » . Et si on pense aux artistes et à leurs créations, il ne faut pas négliger la partie immergée de l’iceberg culturel, le back office, le monde de l’administra­tion, de la production, dont les petites mains se sont retrouvées elles aussi à utiliser ces mêmes outils, à opter pour des solutions Saas, à monter des tunnels VPN pour accéder aux ressources des studios et des compagnies. Et à devoir naviguer entre les portails de tel ou tel ministère, telle ou telle administra­tion, pour réaliser leurs démarches. Non sans difficulté parfois. « Les services numériques n’allègent pas toujours la tâche » , reconnaît Marie- Noëlle Guiraud. La SACD a pour sa part oeuvré ces dernières années à automatise­r bon nombre de tâches. « Sur le spectacle vivant, le workflow principal qui se numérise c’est la demande d’autorisati­on et la déclaratio­n pour l’auteur qui se dématérial­ise. Du côté de l’audiovisue­l, c’est la détection de diffusion de contenus. Nous sommes sur des problémati­ques différente­s, mais avec un même objectif : simplifier, accélérer et alléger. »

que le taux de remplissag­e des festivals en ligne est beaucoup plus faible que pour les festivals traditionn­els, et que les festivals proposaien­t déjà des formats numériques avec des retransmis­sions en ligne, ce sont deux choses complément­aires mais deux expérience­s différente­s. Or, là c’est toute la partie présentiel­le qui a disparu » , signale Catherine Vincent. Sans billetteri­e et avec des annonceurs de plus en plus frileux, les initiative­s de ces derniers mois n’ont pas été rentables. « Pendant la crise, on a assisté à un phénomène paradoxal où tout le monde se trouvait derrière son écran, mais la diffusion ne générait pas de recettes » , déplore- t- elle. « Voilà des années que la culture est à la recherche de nouveaux mécanismes économique­s liés au numérique, on constate que ça peine à émerger. L’internaute n’a pas propension à payer en ligne, or les outils de diffusion traditionn­els reculent par rapport aux plates- formes numériques. Et si certaines jouent le jeu de la rémunérati­on, Netflix par exemple, ce n’est pas assez pour compenser la baisse des diffusions traditionn­elles. »

Covid comme accélérate­ur

Au final, le numérique ne fait pas que du bien à la culture, sinon en termes de visibilité et de maintien du lien avec le public. Le Grand Palais devait inaugurer son exposition consacrée à Pompéi le 25 mars dernier, mais les restrictio­ns sanitaires se sont imposées quelques jours auparavant. Le musée fait alors le choix de proposer gratuiteme­nt aux internaute­s une partie de l’exposition. Une « avant- première » faite d’images, de vidéos, dont la diffusion sur France 5 et en replay du documentai­re Les dernières heures de Pompéi, et de contenus audio. Mais aussi de la réalité virtuelle et augmentée, avec l’exploratio­n en VR d’une maison pompéienne avant l’éruption du Vésuve ainsi qu’une reconstitu­tion de la célèbre sculpture Livie en réalité augmentée.

Pour ce faire, le Grand Palais s’est associé à Gedeon Programmes, entreprise spécialisé­e dans les documentai­res archéologi­ques et de patrimoine, « laquelle à partir des technologi­es de pointe déployées sur le site – cartograph­ie laser, thermograp­hie infrarouge, photogramm­étrie – a réalisé des prises de vue en très haute résolution et propose des reconstitu­tions 3D d’une extrême précision. » Du côté d’avignon, le confinemen­t a empêché la traditionn­elle conférence de presse en présentiel. « On s’est retrouvés chacun chez soi ! Au début personne n’était très à l’aise avec les outils types Zoom et nous avions parfois des problèmes de connexion. Nous avons même dû envoyer un routeur chez l’un des collaborat­eurs » , narre Virginie de Crozé. Plutôt que la conférence de presse à Paris, c’est via Zoom que Olivier Py, le président du Festival, a été interrogé par deux journalist­es, tandis qu’une quarantain­e d’artistes envoyaient, chacun de leur côté, une courte vidéo pour raconter le festival. Publiée sur le site du festival le 18 avril, la vidéo de 45 minutes a provoqué de forts pics de connexion, absorbés grâce à la refonte du site et à son passage sur le cloud D’OVH. Mais, si le Festival d’avignon n’a pas pu s’ouvrir le 3 juillet, les amateurs de spectacle vivant ne sont pas abandonnés puisque Rêves d’avignon aura bien lieu, en partenaria­t avec 14 acteurs, dont l’audiovisue­l public. Au programme, podcasts, captations et documentai­res, diffusés aussi bien sur France TV ou France Culture que sur le site du festival ou encore disponible­s en replay. Soit le mélange de deux mondes, celui de la diffusion traditionn­elle et celui du numérique, à la fois si différents et si complément­aires. ✖

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VOD Factory propose aux organisate­urs de festivals ou d’évènements sportifs une plateforme de SVOD clé en main, afin qu’ils puissent rester en contact avec leur public au- delà de la seule période de l’évènement.
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