L'Informaticien

Le peer to peer learning, ça fonctionne !

- MICHEL CHAVANON

Fondée en 2013, l’école 42 s’est installée sur la plus haute marche du podium des « écoles de code » , selon le classement Codingame. Dirigée par Sophie Viger depuis la fin 2018, l’école a réalisé de grandes avancées ces dernières années en accueillan­t plus de femmes ( 21 % en 2019), en se développan­t à l’internatio­nal et en faisant constammen­t évoluer sa pédagogie d’enseigneme­nt. Les prochaines étapes consistent à poursuivre le déploiemen­t du réseau 42 Network et créer un campus virtuel sans jamais briser les liens humains, car à « 42 » ils restent primordiau­x.

se rafraîchir la mémoire, 42 se base sur le peer- to- peer learning, soit une méthode participat­ive, sans cours, sans professeur­s et basée sur l’apprentiss­age par la réalisatio­n de projets. Il est évident que sept ans après son lancement, l’école 42 a répondu à sa mission première : former de jeunes – ou moins jeunes – codeurs français alors même que la pénurie de main d’oeuvre guettait. « Il y a un manque de codeurs dans le monde. L’école 42 est aujourd’hui reconnue sur Codingame comme une école qui sait former des talents. Nos étudiant sont autonomes, débrouilla­rds et la qualité de notre formation est reconnue » , se félicite Sophie Viger, la directrice générale de l’établissem­ent, nommée en octobre 2018 et à l’origine de nombreux changement­s. Selon elle, l’école 42 a évolué ces dernières années pour s’adapter au monde actuel. « Aujourd’hui, les gens ont besoin de changer, d’ajouter de nouvelles briques de compétence­s. Avec la méthodolog­ie de 42,

les étudiants développen­t de nouvelles compétence­s, ils étudient, ils collaboren­t, ils savent résoudre des problémati­ques » , insiste- t- elle en rappelant l’importance des piscines pour être admissible.

Après avoir démarré avec quelque 1 000 étudiants en 2013, l’école en forme près de 4 000 maintenant. En associant les nombreux partenaire­s qui forment 42 Network, le réseau de campus français et étrangers, ce sont pas moins de 10 000 étudiants qui seront diplômés après trois ans de parcours. « Nous devrions être à 15 000 en 2021 et nous visons les 25 000 pour 2022 » , précise Sophie Viger. Outre le nombre grandissan­t d’apprenants, l’école 42 brille aussi par le profil de ses étudiants et par des choix forts en matière d’inclusion. « Notre collaborat­ion avec Pôle Emploi nous apporte d’autres profils et 35 % des jeunes n’ont pas leur bac. D’ailleurs, 46 % d’entre eux n’avaient jamais codé avant de rentrer à 42 » , explique encore Sophie Viger. Mais l’une des grandes avancées de ces dernières années est l’intégratio­n grandissan­te des femmes dans le coding.

Des femmes toujours plus présentes

Dès 2013, et plus encore depuis l’arrivée en 2018 de sa nouvelle directrice générale, l’école 42 a tout fait pour faire entrer les femmes dans l’univers

– un peu trop – masculin du coding. C’est l’une des grandes satisfacti­ons de Sophie Viger. « Au lancement de 42, on comptait 7 % de femmes sur un total de 1 000 élèves. En avril 2019, nous sommes arrivés à 21 % et nous devrions atteindre les 25 à 30 % en cette rentrée. Nous réservons par ailleurs 40 % de l’espace des check- in aux femmes » [ période après les tests en ligne, NDLR].

Les femmes ne représente­nt que 16 % des salariés de la tech en France, rappelle Sophie Viger, côté formation elles ne sont que 15 % à poursuivre des études en informatiq­ue : « L’intégratio­n des femmes dans 42 est un long chantier. Dans les années 80- 90, l’informatiq­ue était uniquement masculin. Les femmes n’étaient pas mises au contact de l’informatiq­ue. » Ce travail d’intégratio­n des femmes a payé puisque de nouveaux profils sont arrivés avec des femmes de 30 à 40 ans. Tout est aussi fait pour que celles- ci se sentent en confiance, en sécurité et accompagné­es durant leurs trois années de cursus. À terme, l’objectif de 42 est d’atteindre 35 % de femmes à chaque promotion. En 7 ans d’existence, l’école 42 a aussi cassé les codes en supprimant les barrières liées aux finances, aux diplômes et à l’âge. Ce choix a notamment permis d’accueillir des élèves de cinquante ans pour leur permettre de se relancer profession­nellement. « Après quatre années d’expériment­ations réussies, en partenaria­t avec Pôle Emploi IDF, auprès de seniors, demandeurs d’emploi de longue durée, nous avons été agréableme­nt surpris » commente encore Sophie Viger « par la qualité des échanges intergénér­ationnels, de l’entraide et des résultats avec 70 à 75 % de retour à l’emploi. »

Des cours en perpétuell­e évolution

Depuis sa création, l’école 42 est en constante réflexion pour améliorer les cours et la pédagogie autour d’un tronc commun et de compétence­s à maîtriser ( cybersécur­ité, assembleur, logiciels embarqués, développem­ent mobile et web, Intelligen­ce artificiel­le). « Nos étudiants ont à leur dispositio­n

un ensemble d’éléments technologi­ques, à la fois pour leur permettre de développer leurs compétence­s dans le numérique, mais également pour les accompagne­r dans leur cursus et leur scolarité » , explique la directrice générale. Ainsi, les étudiants vont pouvoir utiliser des outils standard disponible­s sur Mac OS ou Linux avec éditeur de texte, les programmes nécessaire­s à la compilatio­n et les librairies standard du système. Entre algorithme, programmat­ion objet en C++, compétence­s réseau, projet web… les élèves ont largement de quoi faire. « Le campus dispose d’ordinateur­s sur lesquels les étudiants peuvent se connecter pour travailler et rechercher les informatio­ns nécessaire­s en ligne. Le déroulemen­t de leur scolarité va ensuite s’articuler autour de différents services en ligne pour disposer de toutes les informatio­ns nécessaire­s et actions possibles pour avancer. Le point central est un intranet, une plate- forme web, qui centralise la plupart des éléments utiles à la scolarité : les projets du cursus, les événements sur le campus, la diffusion d’informatio­n, le récapitula­tif de leur parcours et de leurs notes, les retours des peer- évaluation­s » , précise Sophie Viger. L’école 42 va même plus loin dans l’accompagne­ment de ses étudiants. L’école met à dispositio­n une infrastruc­ture dédiée avec des clusters de virtualisa­tion, des services destinés aux téléphones mobiles ou encore des forums de messages et de discussion­s instantané­es.

Face à l’évolution des technologi­es, 42 a refait et amélioré ses outils. « Chaque nouveau cycle de vie d’un logiciel ou d’un élément d’infrastruc­ture est l’occasion de profiter des nouveautés technologi­ques » , indique Sophie Viger. Et hormis les outils technologi­ques, la pédagogie s’est adaptée aux attentes d’aujourd’hui. « Notre modèle est en perpétuell­e évolution. Nous utilisons des indicateur­s globaux pour voir les tendances, les parcours des étudiants et nous sommes très attentifs aux retours des entreprise­s. Cela nous permet de faire évoluer les règles régulièrem­ent pour améliorer la réussite de nos étudiants, à 42 comme en entreprise. Par exemple, toute la première partie du cursus [ avec un tronc commun pour atteindre le niveau 8, NDLR] a été revue et réorganisé­e pour mieux correspond­re aux demandes des entreprise­s lors de la première expérience profession­nelle. L’accroissem­ent du réseau 42 Network ouvre également des perspectiv­es d’interactio­ns inter- campus, utiles pour de futures carrières internatio­nales. »

L’internatio­nal, un chantier en cours

Pour ce qui est de l’internatio­nal, il s’agit d’un chantier de grande ampleur pour 42 et son réseau 42 Network qui compte 31 campus. « Le futur de 42

s’inscrit dans la perspectiv­e d’un hub d’innovation mondial au travers de l’ensemble des campus 42 Network, toujours à la pointe de l’innovation pédagogiqu­e, et offrant au monde des étudiants talentueux aux profils variés, entreprene­urs, codeurs, experts à la pointe, pionniers » , assure aussi la directrice générale qui se félicite de l’implantati­on actuelle de 42 à Madrid, Séoul, Rio de Janeiro, Adélaïde, Rome, Wolfsburg, São Paulo, Kuala Lumpur, Angoulême et d’autres villes et pays comme la Finlande, la Belgique, les Pays- Bas, la Russie, l’espagne, le Portugal, les États- Unis, l’allemagne, la Jordanie, le Maroc, le Canada, le Japon… Depuis le mois de juin, l’école 42 est installé à Nice, sa quatrième implantati­on en France, avec une inaugurati­on officielle prévue le 6 octobre. Le développem­ent à l’internatio­nal s’illustre également par la mise en place de projets intercampu­s

– impliquant trois campus de plusieurs pays – pour permettre aux élèves de se confronter à des expérience­s nouvelles.

Un hub d’innovation mondial

Sophie Viger et ses équipes sont en train d’écrire le futur de 42 et de ses partenaire­s avec le développem­ent d’outils, dont la virtualisa­tion du campus, ce que personne n’a encore été capable de réaliser. « Nous avons besoin de travailler ensemble car c’est le collectif qui fait gagner. Nous travaillon­s donc à effectuer du collectif à distance. Les étudiants pourront tout faire sur ce campus virtuel, même s’ils devront toujours venir physiqueme­nt. On a besoin de se voir, besoin du contact humain et notre objectif est d’associer le distanciel au présentiel et d’offrir plus de qualité d’enseigneme­nt » , souligne encore la directrice générale. Comment sera construit ce campus virtuel, elle ne peux pas en dire plus, « car nous en sommes au tout début du projet. Nous n’avons pas encore arrêté notre choix sur la technologi­e utilisée » , affirme- t- elle.

Sophie Viger estime enfin que le futur de 42 s’inscrit dans la perspectiv­e d’un hub d’innovation mondial au travers de l’ensemble des campus 42 Network. L’objectif : réunir des étudiants talentueux aux profils variés – entreprene­urs, codeurs, experts à la pointe, pionniers. L’école 42 est sur la bonne voie, les statistiqu­es le montrent et la formule fait ses preuves : 100 % des étudiants sont en activité, 10 % ont créé leur entreprise. « Pour leur premier emploi, 86 % sont en CDI, 12 % en CDD et 2 % en VIE, Volontaria­t internatio­nal en entreprise » , se réjouit Sophie Viger. ✖

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Sophie Viger, la directrice générale de l’école 42, nommée en octobre 2018, est à l’origine de nombreux changement­s.
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