L'Informaticien

Mister Mark et docteur Zuckerberg

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Voici quelque temps, le Président américain annonçait le bannisseme­nt prochain de l’applicatio­n Tiktok sur son territoire au prétexte que le service siphonnait les données des utilisateu­rs américains et constituai­t une plate- forme d’espionnage. Le tout sans le moindre début de preuve, même si on peut supposer légitimeme­nt que Tiktok, comme toutes les autres applicatio­ns provenant de l’empire du Milieu, n’est pas exempte de reproches.

Dès la décision prise, de gros poissons comme Microsoft, Twitter ou encore Oracle annonçaien­t leur intention de racheter les actifs américains de l’entreprise, provoquant l’ire des autorités chinoises et le dépôt d’une plainte par l’applicatio­n.

Quelques jours plus tard, nous apprenions via un article du Wall Street Journal que le PDG de Facebook n’était peut- être pas étranger à la décision de M. Trump. En effet, voici un peu moins d’un an, sur fond de visites à plusieurs membres du congrès américain afin de plaider la cause des entreprise­s américaine­s dans le cadre du groupe American Edge, M. Zuckerberg a participé à un dîner à la Maison Blanche en compagnie notamment de Peter Thiel – l’un des seuls technos milliardai­res qui supporte ouvertemen­t le président Trump – et nos confrères du WSJ indiquent que le jeune milliardai­re aurait tenté, et semble- t- il avec succès, de convaincre M. Trump de la nécessité de bannir Tiktok du territoire américain. Si la teneur de la réunion puis du dîner ne sont pas confirmés, le fait que M. Zuckerberg ait explicitem­ent parlé de Tiktok avec différents sénateurs est, quant à lui, avérée.

Avec ses 100 millions d’utilisateu­rs sur le seul territoire des États- Unis, Tiktok est une réelle et grandissan­te menace pour Facebook et il n’a pas été possible de racheter l’applicatio­n comme l’entreprise avait pu le faire dans le passé avec Whatsapp ou Instagram. Ce n’est pas la première fois que M. Zuckerberg semble faire preuve d’une grande duplicité. Voici quelques mois, nous nous étonnions déjà des positions « border » adoptées par Facebook à propos des émeutes consécutiv­es à la mort de George Floyd, étouffé par un policier. Nous écrivions que Facebook aurait du mal à résister à la pression. À la lumière de ce que révèle le

Wall Street Journal, on comprend mieux cette mansuétude à l’égard de la présidence américaine, à l’inverse de la plupart des autres réseaux sociaux.

Toutefois, le répit ne sera que de courte durée car si Twitter, Oracle ou Microsoft – en dépit du fait que Bill Gates s’y montre réticent – rachètent l’entreprise, tout sera à recommence­r.

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