L'Obs

PS : se souvenir d’où on vient

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Peut-on proposer une Europe plus sociale et accepter le gel des salaires en France ? Il est des moments dans la vie politique, où il faut choisir entre discipline et conviction­s. Moments graves, responsabl­es. Si la discipline est la force principale des armées, il n’en va pas de même pour un parti comme le PS. Choisir la discipline, c’est refuser le débat, refuser d’écouter, d’entendre les cris de la rue, refuser d’écouter le message des électeurs, ceux de 2014, mais aussi ceux de 2012. Choisir les conviction­s, ce n’est pas trahir, c’est au contraire être fidèle au vote de ceux qui ont choisi votre majorité en 2012. Quand on hésite sur la voie à suivre, il faut se souvenir d’où on vient. En 2012, des millions de Français ont cru au changement. Ils n’ont pas voté pour faire plaisir au Medef, pas davantage pour séduire Bruxelles et ses commissair­es. D’ailleurs, on leur avait promis de renégocier le traité. Pour eux, le changement est fait de choses simples : améliorer la vie des plus modestes, des plus fragiles, de ceux qui connaissen­t des fins de mois difficiles. Pourquoi exiger toujours plus de ceux qui ont si peu ? Certes, le Premier ministre a promis un geste pour les petites retraites. C’est quoi un geste significat­if pour ceux qui doivent choisir entre manger et se soigner ? Les plus modestes ont leur fierté, leur dignité. Ils ne demandent pas l’aumône. Certes, le Premier ministre parle de souveraine­té nationale, de la parole de la France. Réduire les déficits, c’est préserver la souveraine­té nationale. Mais, au-delà des mots, des phrases toutes faites, quelle est la souveraine­té d’un Etat dont le président élu au suffrage universel direct doit respecter les consignes d’un commissair­e non élu ? Dans une démocratie, la seule souveraine­té qui compte est celle des électeurs, du suffrage universel. Mon propos n’est pas de dénoncer l’Europe, je suis de ceux qui veulent plus d’Europe. De ce point de vue la frilosité du parti pour les européenne­s me navre. L’heure était venue de faire entrer l’Europe dans le ””• siècle, d’affirmer la primauté du politique, et le rôle de l’Europe dans le monde. Jacques Vuillemin

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