L'Obs

Le maquill age indien

Quelques traits de pinceau sur le visage et une allure tribale, c’est déjà la tendance des prochains festivals de l’été

- Par Mona Gauthier

Dans la vie, Nathalie est plutôt

discrète. Son uniforme est celui d’une étudiante ordinaire de 21 ans, jean et parka kaki passe-partout. Mais la nuit tombée, Nathalie se transforme. Un trait de crayon sur le front, elle est une Mata-Hari des temps modernes, deux coups de pinceau sur les joues, elle est une princesse apache. Une squaw qui danse en transe et écume tous les festivals de Bretagne. Elle n’est pas la seule. Depuis quelque temps, une étrange faune grimée envahit les scènes trans et électro, jusque-là pas vraiment réputées pour leur extravagan­ce. L’origine de la tendance est mystérieus­e. Mais le phénomène est tel que les stands de maquillage tribal se multiplien­t sur les sites des festivals. « Il y a quelques années, c’était une pratique assez marginale et clanique, héritée des rave parties des années 1990. Mais depuis un an, tout le monde s’est mis à se maquiller, observe Mathieu Guerre Berthelot, directeur du festival Astropolis, près de Brest, qui rassemble chaque année entre 10 000 et 30 000 personnes. C’est curieux et en même temps ça insuffle une énergie un peu folle qui fait penser à l’ambiance des carnavals. Il y a une vraie alchimie qui se crée. » Le très branché festival américain de

Coachella a en avril dernier vu ce phénomène se répandre parmi son public de hipsters. Pour Nathalie, « c’est drôle, amusant, et il y a un aspect créatif ». Pour d’autres, comme Clara, adepte de

bodypainti­ng fluo, « c’est une manière de prendre une nouvelle identité tout en étant facilement repé

rable ». Une sorte de rite de passage, qui autorise toutes les subversion­s le temps d’une parenthèse enchan

tée. « Lorsqu’on se déguise, on est beaucoup plus désinhibé », remarque Eddy Pierres, directeur du festival Panorama à Morlaix. Le « mouvement apache » séduit plus les filles que les teufeurs traditionn­els vêtus de gris et noir. Il est aussi le signe de l’émergence d’un nouveau public dans l’univers des free parties, jusque-là plus âgé et adepte d’un

son racé et agressif. « Les gens ont envie de nouveauté et se déguiser dans un décor spé

cial fait partie de la fête », observe-t-on au Marvellous Island Festival dont la deuxième édition, sur le thème de la jungle, vient de se terminer sur l’île de la Porte Jaune à Paris. La tendance a récemment dépassé les palissades des festivals pour envahir les nuits estudianti­nes de Nantes, comme les soirées éphémères du collectif Sweatlodge où le maquillage vaut ticket d’entrée à la soirée. L’invasion apache a commencé…

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