Lequel de ces deux candidats souhaiteriez-vous voir devenir président de la Commission européenne ?
Mais, globalement, c’est sur d’autres critères que le choix du prochain président de la Commission que se fera le vote des électeurs. Si choix il y a, vu le niveau prévisible de l’abstention…
En France, le déficit de notoriété des chefs de file du PSE et du PPE est abyssal. Près d’un électeur sur deux avoue ne pas les connaître. Un sur quatre préférerait qu’un autre qu’eux devienne le prochain patron de la Commission. Ce qui, en soi, n’est pas très étonnant puisque les centristes-libéraux, les écolos et les communistes ont également leurs champions. Au total, Schulz et Juncker – celui qui fait campagne et celui qui ne la fait guère – se retrouvent donc sur un pied d’égalité: 15% pour l’un, 15% pour l’autre dans les souhaits des électeurs français. Autrement dit, presque rien. L’Allemagne, sur ce terrain-là, fait un peu mieux. Il est vrai qu’outre-Rhin les électeurs sont davantage habitués à ce genre de compétitions, propres aux régimes parlementaires. Le fait que Martin Shultz, sans être une personnalité politique de tout premier plan dans son pays d’origine, ait fait l’essentiel de sa carrière à la fois au Parlement européen et dans les instances dirigeantes du SPD, explique aussi que le niveau de connaissance des personnalités proposées aux citoyens ne soit pas aussi catastrophique qu’en France. Reste quand même que 27% des personnes interrogées disent ne connaître ni Schulz ni Juncker tandis que 7% préféreraient avoir un autre choix qu’eux. Dans cette compétition, le champion du PSE domine nettement son compétiteur du PPE alors que le rapport de forces gauche-droite en Allemagne demeure favorable aux amis de la chancelière. La notoriété, à l’évidence, joue ici un rôle essentiel. Schulz, sur ses terres, en profite à plein.
Dans ces sondages croisés, on mesure donc combien la compétition électorale européenne, même quand les acteurs tentent de la personnaliser plus qu’avant, demeure liée à des enjeux nationaux. C’est là un handicap de taille pour les socialistes français qui, en jouant à fond le jeu de l’Europe à travers la personnalité de Schulz, pensaient pouvoir échapper, ne serait-ce qu’à la marge, à l’un de ces scrutinssanctions qui depuis qu’existent les élections européennes viennent bousculer les gouvernements en place. Le PS voulait être à la fois vertueux, au regard des principes européens, et habile, compte tenu du niveau d’impopularité du couple exécutif. Notre sondage TNS Sofres-Sopra Group les ramène brutalement à la réalité. Celle d’un scrutin à hauts risques qui n’intéresse que 56% des Français, qui servira à 72% d’entre eux à « manifester leur
mécontentement » , et pas seulement hexagonal puisque, pour 51% d’entre eux, l’Europe « aggrave plutôt les effets
de lacrise » .