Villers-Cotterêts
« Ladroite, lagauche, c’estpareil! Cela fait des années qu’ils gouvernent, queriennechange, quelesaffairescontinuent, commeavecCopéetjenesaisplus quelle entreprise. On a envie d’essayer autre chose… » Le même reprend: « Les habitantsenontraslebol. Ilsvoientarriver les chômeurs et les étrangers de la région parisienne, à qui on donne des logements et des allocations. Leurs enfants vont trafiquer de la drogue en centre-ville… » Tout est bon pour attiser ces craintes. Une folle rumeur a même couru selon laquelle l’ex-maire PS, JeanClaude Pruski, allait construire des HLM pour faire venir les « gensdeCreil », une ville de l’Oise, voisine de 50kilomètres, où une émeute avait éclaté l’été dernier. Il ne s’agissait pourtant que d’un projet d’écoquartier mêlant logement social et habitat plus cossu…
« Ce genre de petite ville de la France périphérique, dont l’environnement proche est perçu comme hostile et qui redoute un avenir négatif, c’est le coeur de cible du Front national, analyse le géographe Christophe Guilluy (1). Le sentiment qui y domine, c’est “pas chez nous”. » Parce qu’elle a peur de l’avenir, Villers-Cotterêts ne se supporte plus au présent et ne digère plus son passé. La commune ne veut même plus voir dans le général Dumas un descendant d’esclave, mais seulement un grand militaire qui a fait la campagne d’Egypte et « a participé à la construction de la nationfrançaise », selon l’expression de Vincent Rousseau, professeur d’anglais. Qui, lui aussi, s’est mis à voter FN parce qu’il avait « perduconfiance ». (1) « Fractures françaises », François Bourin Editeur, 2010.