L'Obs

Quand la Chine jardinera…

Pour lutter contre pollution de l’air, Pékin a relancé l’horticultu­re. Depuis, des pépiniéris­tes des Pays de la Loire, emmenés par le conseil régional, rêvent de semer des contrats

- De notre envoyée spéciale, Nicole Pénicaut

Certains jours, à Pékin, le brouillard de pollution est si épais que Yaole distingue à peine le contour des tours voisines. Ce n’est pas le moment d’ouvrir les fenêtres et, dans son appartemen­t du 7e étage, la jeune Pékinoise active ses deux machines à purifier l’air. Outre cet équipement adopté par les citadins les plus aisés, elle a disposé des plantes censées lui apporter un effet « fraîcheur ». Dans les villes champignon­s de l’Est chinois, où le taux de particules fines peut atteindre des seuils 20 fois supérieurs aux normes fixées par l’Organisati­on mondiale de la Santé, la vocation des plantes est assurément moins ornemental­e qu’utilitaire. C’est vrai chez les particulie­rs. Ça l’est plus encore dans les espaces publics, où les municipali­tés sont confrontée­s à la double injonction gouverneme­ntale de soutenir la croissance tout en réduisant les effets des dioxydes de carbone.

Remettre du vert partout où c’est possible, le long des avenues embouteill­ées, au pied des forêts de béton, entre deux voies de boulevards circulaire­s… voire créer des écoquartie­rs. Ce verdisseme­nt à marche forcée paraît certes dérisoire face aux immenses défis de la lutte contre la pollution, mais l’horticultu­re a été classée lors du dernier Congrès chinois parmi les dix industries prioritair­es. Et un immense marché s’ouvre pour tous les horticulte­urs de la planète...

Binette en main, les Français ne sont pas les derniers à vouloir semer des contrats. Avec Végépolys, son pôle de compétitiv­ité spécialisé dans le végétal, les Pays de la Loire, deuxième région horticole de France, laboure déjà le terrain. Le mois dernier, son président, Jacques Auxiette, accompagné de sa délégation d’entreprise­s et d’élus, était encore en visite pour reconduire les accords de coopératio­n avec le

aconduit une délégation économique etpolitiqu­e des Pays de la Loire à l’Exposition internatio­nale horticole deQingdao

Shandong, l’une des provinces les plus dynamiques de Chine. Temps fort de cette mission: l’Exposition internatio­nale horticole, organisée cette année par la ville portuaire de Qingdao. Cette manifestat­ion qui dure six mois est à l’échelle du pays : gigantesqu­e. Il faudrait trois jours pour la visiter, dit-on. Au pied d’une montagne, 240hectare­s ont été viabilisés, retournés, creusés pour accueillir une zone lacustre et un escalier d’eau. Dans cette sorte de Disneyland de l’espèce végétale, une immense serre, des bâtiments futuristes écorespons­ables destinés à accueillir les conférence­s, des restaurant­s et des aquariums géants ont été construits fissa. Un téléphériq­ue a été installé, qui balance ses nacelles pour permettre aux 12millions de visiteurs attendus d’apprécier du ciel les différents jardins attenant aux pavillons chinois et à ceux des 37 pays représen- tés, dont celui des Pays de la Loire, qui a eu le privilège de voir 1 500 mètres carrés mis à sa dispositio­n pour présenter ses paysages typiques des bords de Loire. « Nous sommes la seule région invitée, assure Jacques Auxiette, c’estle résultat de nos efforts patients et constantsp­ourétablir­desrelatio­nsavec le Shandong. » En 2007, la région a ouvert un bureau de représenta­tion à Qingdao, destiné à faciliter les prises de contact de ses entreprise­s, tous secteurs confondus. L’investisse­ment en fait-il jaser certains ?... « Auboutdetr­ois ans, plus de la moitié des candidats à l’exportatio­n ont réussi », se défend Jacques Auxiette.

« Une prairie de 100 mètres carrés séquestre, au niveau des racines, 11 kilos de CO par an. » L’argument d’Euroflor n’est pas très poétique, mais il a fait mouche. Avec ses mélanges fleuris, façon prairie sauvage, tout spé-

 ??  ??
 ??  ?? Jacques Auxiette
Jacques Auxiette

Newspapers in French

Newspapers from France