L'Obs

L’épargne individuel­l e est indispensa­ble

Le projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillisse­ment est loin de régler la question financière de la dépendance. Les Français n’ont d’autre choix que de se prendre en main

- Par Thierry Serrouya

En cent cinquante ans, la population mondiale a gagné plus de 30 ans d’espérance de vie. Et cette dernière devrait continuer de progresser d’un trimestre par an dans à peu près tous les pays. Avant 2020, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les enfants de moins de 5 ans (un Français de 65 ans a une chance sur 5 de vivre jusqu’à 96 ans). Quant au nombre de centenaire­s, l’Institut national de la Statistiqu­e et des Etudes économique­s (Insee) l’estime à 200 000 en 2060, contre 20 000 en 2013. S’il faut se réjouir de ces chiffres, ils posent quelques défis majeurs tant pour les personnes concernées que pour les aidants.

Cette hausse du nombre de personnes âgées entraînera celle du nombre de patients susceptibl­es de bénéficier de l’aide personnali­sée d’autonomie (APA). Aujourd’hui, on en dénombre 1,2million, et ils pourraient être 2,6 millions en 2060, selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiqu­es (Drees) et l’Insee.

Face à cette évolution, l’enjeu principal du vieillisse­ment est donc son financemen­t. En 2011, les dépenses publiques de prise en charge liées à la perte d’autonomie s’élevaient à 21,1milliards d’euros, selon le ministère de la Santé, soit 1,05 point de PIB (voir tableau). Et en raison de la hausse du nombre de dépendants, les pouvoirs publics devront consentir un effort supplément­aire puisque la Drees estime que ces dépenses pourraient représente­r 35 milliards d’euros en valeur équivalent­e de 2011, soit 1,77 point de PIB. Avec un plus fort accroissem­ent de la dépense entre 2025 et 2040, dû à l’arrivée des baby-boomeurs potentiell­ement en âge d’être davantage touchés par la dépendance.

Pour autant, l’aide publique reste largement insuffisan­te. La dépendance entraîne, pour les personnes concernées ou les aidants, un reste à charge important. Ainsi, en 2011, les dépenses supportées par les ménages étaient de 7,2 milliards d’euros, essentiell­ement au titre de l’hébergemen­t (5,4milliards d’euros). Une enquête de la Direction générale de la Cohésion sociale (DGCS) et de la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) révèle que le coût total d’une place d’hébergemen­t permanent en Ehpad en 2012 est estimé à 34 707 euros par an, soit 2 892 euros par mois, dont un tiers environ correspond à des frais de soins. Avec une retraite moyenne de 1 288 euros par mois fin 2012 – 951 euros pour les femmes –, rien d’étonnant à ce que le coût de la dépendance représente un gouffre financier difficile à assumer pour les plus modestes, même si une partie est supportée par les conseils généraux et l’assurance-maladie.

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