Chanel, nuit orientale à Dubaï
C’est dans cette ville futuriste des Emirats arabes unis que la maison de la rue Cambon a présenté sa collection Croisière. Pantalons bouffants, babouches et diamants
L’endroit ne porte pas d’autre nom que « The Island ». C’est ce sur banc de sable d’environ 1 kilomètre de long que s’est déroulé le plus grand événement mode jamais organisé dans la péninsule Arabique. Le lieu était resté jusque-là étonnamment vierge dans une ville où les gratte-ciel et les malls poussent plus vite que les palmiers. Depuis l’île se détachent les gigantesques dents acérées et les formes oblongues de la skyline dubaïote. La Burj Khalifa (828 mètres de hauteur) et ses néons pâles envoient des signaux dans la nuit. Il est 21 heures, la température vient de descendre en dessous de 35 °C. Les boots noires de Karl Lagerfeld sont plantées dans le sable (scène extrêmement rare pour un homme qui déteste les vacances). Devant lui, une vingtaine de caméras et cinq fois plus de photographes. Une femme enceinte bouscule une jolie blonde pour arriver près de lui : « S’il vous plaît, dites-moi comment dois-je appeler ma fille. » Pendant une nanoseconde, le couturier reste interloqué avant de chasser poliment l’importune : « Ma chère, je ne connais pas votre famille et je ne voudrais porter cette responsabilité. » Il se retourne vers la cité dubaïote et nous chuchote: « Ce que vous voyez devant vous, c’est une sorte d’Atlantis. » La vision est juste tant l’endroit paraît surréel. Et le défilé pour la croisière Chanel l’était tout autant. Dans un immense bâtiment rectangulaire, construit pour l’occasion et recouvert du logo Chanel, le millier d’invités, transportés par de petites embarcations en bois, a assisté au passage de plus de quatrevingts modèles. L’équation mode n’était pourtant pas simple: concilier les codes culturels locaux avec ceux de la maison Chanel et faire en sorte que l’ensemble ait en boutique un impact planétaire. Ceci posé, les collections Croisière étant peu ou prou basées sur le mythe de la Riviera et de son âge d’or (quand les Anglaises partaient en villégiature pendant des mois sur la Côte d’Azur), tout est permis. Karl Lagerfeld, qui n’a pas l’habitude de s’interdire quoi que ce soit, est allé chercher du côté de Paul Poiret, ce couturier du début du XXe siècle qui surfait sur la vague de l’orientalisme, très prisée à Paris. La top Charlotte Free, cheveux rose pastel, ouvre le show en pantalon lamé or bouffant porté sur une longue tunique blanche et ajourée. Les princesses orientales version 2014 peuvent suivre. Les tailleurs emblématiques de la rue Cambon sont portés sur des pantalons cigarette ou