L'Obs

Vintage sur rails

De Venise à Paris, nous avons embarqué à bord du mythique train Venice Simplon Orient-Express

- Par Dorane Vignando

Venise, gare de Santa Lucia, quai n°2, 11 heures du matin : ça sent le printemps et les Années Folles. Dans leur uniforme Balenciaga, gants blancs et queue-de-pie, les majordomes attendent solennelle­ment devant chacun des wagons que chaque passager monte dans sa voiture bleu et or flanquée du sceau VSOE, Venice Simplon Orient-Express. Le seul train magnifique­ment rétro à faire le mythique ParisVenis­e. Vingt heures de trajet des campagnes italiennes aux sommets autrichien­s, pour se mettre dans l’ambiance, prendre le temps de voyager, retrouver l’odeur du métal chaud, les grincement­s au passage des soufflets. Depuis sa création en 1883, les couloirs tapissés d’acajou et de palissandr­e ont vu passer du beau monde : familles royales, milliardai­res américains, princes russes, espions, célébrités(Mistinguet­t, Marlene Dietrich, Hitchcock, Joséphine Baker, Agatha Christie). Ça, c’est pour la petite histoire. Pour la grande, sachez que c’est dans la voiture 2419 que fut signée en novembre 1918 la reddition des Allemands à Compiègne, puis en 1940 la signature de l’armistice. Quant à la voiture 3544 décorée par René Prou, elle fut réquisitio­nnée par l’armée allemande et transformé­e en maison close entre 1942 et 1945…

Aujourd’hui, la dizaine de wagons circulant ont tous été restaurés dans le style Art nouveau d’origine. L’oeuvre de James B. Sherwood, un Américain dingue de trains qui, au début des années 1980, rachète aux enchères nombre de voitures éparpillée­s à travers le monde. Le temps n’a pas agrandi les cabines, qui mesurent toutes 3 m² : banquettel­it, petit cabinet de toilette privé, marqueteri­e en sycomore et porte-bagages en cuivre. Sans oublier la petite lampe rétro à l’abat-jour rose, contre la vitre…

« Ici nous prenons notre temps. Etre en retard est même un luxe », avance tout sourire Bruno Janssens, le direc-

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