L'Obs

Les bons plans de Pavot

RHAPSODE, PAR FOREVER PAVOT (BORN BAD RECORDS)

- GRÉGOIRE LEMÉNAGER

Comme son nom ne l’indique pas vraiment, Forever Pavot est made in France. C’est l’oeuvre d’un jeune chevelu de La Rochelle qui, dans le civil, s’appelle Emile Sornin

(photo). Avec sa fine moustache et ses gros pull-overs de hippie, ce garçon-là pratique une musique qui se fume par les oreilles. On y entend des rythmiques à la pédale wahwah, des claviers obsédants et une basse veloutée, bien ronde, comme sur les grands concept albums de Gainsbourg. Globalemen­t, les paroles sont incompréhe­nsibles ; et, globalemen­t, on s’en fiche, parce que les voix sont surtout là pour ajouter une couche d’harmonies oniriques au millefeuil­le, au même titre que des orientalis­mes à la flûte traversièr­e, des sons de forêt tropicale, des fouets qui claquent et des chevaux qui hennissent comme dans un western spaghetti. Comme tout ça évoque à la fois les digression­s rêveuses de Syd Barrett, le jazz fusion de Return to Forever et les bandes originales de François de Roubaix, on se dit d’abord qu’on a déjà inhalé ce genre de volutes multicolor­es. Que le premier album de ce Pavot-là n’est pas assez toxique, qu’il est un peu daté, qu’il a quelque chose de périmé. Et puis on y revient, parce qu’il y a décidément de vieux pots dans lesquels on fait toujours de fameuses confitures. A commencer par la « confiture verte » si chère à Baudelaire, qui trouve dans cette pop psychédéli­que un équivalent sonore irrésistib­lement hallucinog­ène.

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