L'Obs

Le coup des Bélier

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LA FAMILLE BÉLIER, PAR ÉRIC LARTIGAU. COMÉDIE FRANÇAISE, AVEC KARIN VIARD, FRANÇOIS DAMIENS, ÉRIC ELMOSNINO, LOUANE EMERA (1H45). Attention, ceci n’est pas un film, c’est un bulldozer. Et ce n’est pas une famille qui s’avance, mais un troupeau de bu es en furie. Enfin, si l’on en croit la rumeur qui court depuis plusieurs semaines, née de quelques avant-premières, entretenue par les exploitant­s, convaincus de tenir là un succès qu’ils pressenten­t phénoménal. C’est donc sur la pointe des pieds qu’on se présente, en toute humilité, pour constater qu’au cul des vaches désormais se rencontren­t, après Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin (« la Ritournell­e »), Karin Viard ( photo) et François Damiens ( photo). Lesquels s’emploient à jouer un peu les exploitant­s agricoles, et beaucoup les sourdsmuet­s. Si les deux acteurs quittent parfois la salopette, ils restent arrimés à leurs fourches et déversent des tombereaux de mimiques, dont on ne peut qu’ignorer ce qu’en penseront les spectateur­s sourds et muets, mais dont il est acquis qu’elles ne contribuen­t pas à alléger un ensemble déjà bien chargé. Les Bélier ont deux enfants, un fils sourd et muet comme eux, et une fille qui ne l’est pas. Et qui, mieux encore, possède une voix qui contient la promesse d’un talent de chanteuse jusqu’alors ignoré et attire sur elle l’attention d’un professeur de musique interprété avec une réserve bienvenue par Eric Elmosnino. Lequel se met en tête de présenter la charmante Paula (Louane Emera, elle-même participan­te à une émission de télé-crochet, nous dit-on) au concours de la Maîtrise de Radio-France, entreprise dans laquelle ses précédents candidats ont échoué l’un après l’autre. Mais alors il faudrait que Paula parte pour Paris, elle qui, logiquemen­t, sert d’interprète au reste de la famille. Laquelle, pour ne rien arranger, bat la campagne, le père s’étant mis en tête de devenir maire. Mais qu’on ne s’inquiète pas trop de cette ambition, le film abandonner­a la piste sitôt que le scénario décidera qu’il peut s’en passer. Non, ce qui importe absolument, c’est la chanson. Et qui apprécie l’art de Michel Sardou sera comblé, car le prof est un fan absolu, qui ne délaisse son idole que pour une sucrerie à deux voix : bah oui, quoi, comme Laura a un petit copain, qui chante lui aussi, un duo est réclamé. Réclamé et acclamé ? Oui, oui, et même ovationné, c’est du moins ce que la grande famille de cinéma français trompète. On lui souhaite d’avoir vu juste, pour elle, mais, pour notre part, disons que ça ira comme ça.

PASCAL MÉRIGEAU

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