Marisol Touraine
A l’Assemblée, la ministre de la Santé défend sa réforme toujours contestée par les médecins libéraux mais soutenue par la gauche
TIERS PAYANT Marisol Touraine jure qu’elle ne cédera pas. Malgré la fronde des médecins de ville contre la généralisation du tiers payant à partir de 2016, dénoncée comme une « étatisation » de leur pratique, la ministre soutient que le paiement des praticiens par la Sécu « dans un délai de sept jours » permettra une « gestion plus e cace de l’assurance-maladie » et constituera « un progrès social pour tous les Français ». « Nous voulons avancer avec les médecins. La dernière version du projet de loi que je défends à l’Assemblée reprend soixante amendements des organisations syndicales. »
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RÉFORMES Retraite à 60 ans pour les carrières longues, création d’un compte pénibilité, modulation des allocations familiales… Marisol Touraine plaide pour la « modernisation des droits sociaux ». « Il faut adapter notre protection aux évolutions du travail et de la famille. Mais la gauche ne doit pas renoncer à la République sociale », martèle la ministre, souvent critique du courant « libéral » représenté par Emmanuel Macron.
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REMANIEMENT Membre du gouvernement depuis mai 2012, numéro 5 de l’équipe Valls, elle a déjà survécu à trois remaniements. Et a même accru ses prérogatives en ajoutant les Droits des femmes aux A aires sociales et à la Santé… On la dit aujourd’hui fragilisée par la révolte des médecins. Doit-elle craindre un éventuel remue-ménage gouvernemental ? « Je suis fi ère de ce que j’ai accompli. La composition du gouvernement n’appartient qu’au président et à son Premier ministre… » PAQUET NEUTRE Votée, l’instauration des paquets de cigarettes sans logo ni packaging ! « Nous n’avons pas cédé devant le lobby du tabac », se félicite Marisol Touraine dont le texte interdit aussi l’emploi de mannequins anorexiques dans la mode et proscrit la publicité pour les cabines de bronzage.
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SOCIOLOGIE Son père est le sociologue Alain Touraine (89 ans), théoricien des mouvements sociaux, maître à penser de la deuxième gauche, du PSU à la CFDT. Autant dire que Marisol est tombée dans la marmite de la gauche intello dès son plus jeune âge. « Je suis fi er de toi », lui a dit son père, le jour de son entrée au gouvernement.
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CHILI Lors d’un voyage d’études, son père a rencontré Adriana, sa mère, chercheuse chilienne. Marisol lui doit son prénom. Sa langue maternelle, l’espagnol. Et des souvenirs de vacances dans la maison de sa grand-mère, à Santiago. Grande lectrice du poète Pablo Neruda (photo), elle est restée attachée à ce lointain pays andin.
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SEXISME La ministre a craqué, à l’Assemblée nationale, après que le député UMP Arnaud Robinet eut repris dans un tweet le surnom de « MST » dont l’ont a ublé ses opposants. « J’ai le droit en tant que personne, en tant que femme, en tant que ministre au respect comme toute personne a droit dans ce pays. » Robinet ne s’est pas même excusé…
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INDRE-ET-LOIRE Cette techno surdiplômée – Normale-Sup, agrégation d’économie, Harvard… – s’est enracinée en Touraine ! En 1997, le parachutage dans la troisième circonscription d’Indre-et-Loire voulu par Jospin s’est bien passé. « Mon adversaire UDF a cru bon de me traiter par le mépris, mais j’ai fait une vraie campagne de terrain et je l’ai battu. » Réélue en 2007 et 2012, elle soigne son implantation locale.
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MÉDECINS Les toubibs lui reprochent de ne pas les comprendre. « Je suis pourtant issue d’une famille de médecins, je connais leurs préoccupations », se défend la ministre dont le frère cadet est endocrinologue à la Pitié-Salpêtrière.
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ÉLYSÉE Marisol l’infl exible inquiète François Hollande. En période électorale, l’opinion des médecins, très écoutés de la population, importe au Château. Mais la quête de « marqueurs de gauche » susceptibles d’amadouer frondeurs, écolos et communistes devient prioritaire. Si la loi santé fi nit par passer auprès des praticiens, le président pourrait réviser son jugement.