L'Obs

Shampoing, fascisme et chocolat

Où l’on voit qu’il ne faut pas oublier la pizza

- D. D. T.

Le père Le Pen exaspère les frontistes, à ce qu’il paraît. Dès que ça va bien pour eux, il sort une grosse provocatio­n et ils en sont à se demander si ça ne va pas leur faire perdre tout espoir de briller à la présidenti­elle de 2017. Tout ce mal qu’elle se donne, sa fi fi lle, pour faire oublier ce qu’ils sont et lui qui vient périodique­ment le remettre sous notre nez. Là, il ressort son histoire des chambres à gaz, détail de la Seconde Guerre mondiale. Ça repart au quart de tour et on comprend les frontistes, remarquez, s’apercevoir que c’est bien vrai qu’il ne veut surtout pas que ses partisans arrivent au pouvoir. C’est qu’il les connaît ! Il a vécu sous Pétain ! Ce qu’il veut, c’est juste vivre à l’aise et s’amuser. Il y est arrivé. Qu’il continue. Quel âge a-t-il? 86 ans. Portez-vous bien, JeanMarie Le Pen. Faites-les suer et longue vie à vous.

86 ans, c’est l’âge tout juste mûr. La doyenne des Français en a 106. C’était l’âge du cinéaste portugais Manoel de Oliveira, qui vient de mourir et qui faisait encore du cinéma. La doyenne du monde, qui vient de mourir, elle aussi, au Japon, en avait 117. Parole d’un pas tout jeune, il s’est surpris à penser : 117 seulement ? Un peu déçu, le pas tout jeune. Il avait des projets. Confortons ceux de Jean-Marie Le Pen. La doyenneté, pour sa génération, pourrait quand même se situer à 125, 130 ans. Quarante années devant lui à faire le rempart devant le fascisme. C’est exaltant.

Les vieillards terribles. Ils conservent des habitudes d’économie passées de mode. Le placard où l’on tient des réserves. Les provisions dans l’éventualit­é de nouvelles restrictio­ns. C’est l’abondance, mémé. Vivez avec votre temps. Dans sa maison de Vicence, la semaine dernière, quand son fi ls a visité Rosetta avec ses deux petits-enfants, elle était si contente qu’elle leur a servi un bon chocolat chaud de derrière les fagots. Ils ont tous fait des yeux reconnaiss­ants. On n’en vend plus, du bon chocolat comme celui-ci. Vingtcinq ans que je le garde. C’est à l’hôpital qu’on leur a dit à tous, d’abord à la grandmère, qu’il faut raison garder mais pas le chocolat en poudre. La durée de vie qui s’allonge, ce sont de nouveaux problèmes entre génération­s.

Il y a ceux qui conservent les emballages vides. Pas seulement des vieilles gens comme notre Italienne qui a bien failli y passer et faire passer sa descendanc­e avec elle. Ce quadragéna­ire, Omar, ne donnons que son prénom, exerce la profession de médecin généralist­e dans le Grand Londres mais ce qu’il aime voir à poil, c’est les beaux jeunes mecs qui se savonnent sous l’eau courante. Ils ne vont pas souvent chez le docteur. Alors il nettoyait des fl acons vides de shampoing, y plaçait une caméra et mettait le tout dans les cabines de douche d’un gymnase qu’il surveillai­t de pas loin sur l’écran de son téléphone. Ç’aurait pu se terminer par un cassage de sa gueule, ça a fi ni devant un tribunal. Il s’est dit confus, malheureux. Le « Daily Mail » donne son nom en entier et sa photo en pied, c’est pas sympa.

Les gens pas sympas sont légion. Une loi nouvelleme­nt votée, en Indiana, peut permettre d’humilier au nom de conviction­s religieuse­s. C’est ainsi qu’une dame O’Connor, prénom Crystal, qui la première ne s’en est pas privée, a trouvé en face d’elle des manifestan­ts pour l’empêcher d’ouvrir son restaurant après avoir dit sur une télévision locale qu’elle refuserait de servir des pizzas à emporter pour un mariage d’homosexuel­s. Faut vraiment être une conne d’Américaine pour avoir l’idée de pizzas à un repas de noces.

Post-scriptum qui n’a rien à voir. – Au moment où le mensuel « Fluide glacial » fête ses 40 ans, une de ses fi gures qui a vécu l’aventure tout au long, Bruno Léandri, raconte ses souvenirs et aussi ceux qu’il a gardés d’« Hara Kiri », où il a débuté mais sans jamais, comme il dit, « entrer dans le premier cercle » . Anecdotes, ambiances et crustacés. Il a titré ça : « Nous nous sommes tant marrés ». Il aurait pu mettre aussi bien : « Nous avons tellement rigolé ». Ou : « Combien nous rîmes ». (Editions Fluide glacial, 430 p., 19 euros. Mazette.)

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