Anne et les “twittos”
Anne Hidalgo a mis en place un service de communication participatif par internet, dont l’objectif est de faire intervenir des citoyens sur les décisions du conseil municipal. Un service géré par Clémence Pène, une geek
qui part à la chasse aux « twittos » – ces citoyens qui interviennent sur Twitter, en complément des conseils de quartier divulgués sur le web. La dernière campagne,
« Madame la maire, j’ai une idée », reçoit jusqu’à 5 000 messages par jour, pour l’aménagement d’une rue, l’installation d’une crèche… « Les idées qui nous remontent sont discutées pendant trois semaines, validées par nos services techniques puis votées », commente Clémence Pène . Certains élus ne voient dans cette stratégie qu’une forme de démagogie politique. « Anne a grandi dans une époque de défiance vis-à-vis des politiques, précise Myriam
El Khomri , qui a participé au lancement du projet. Elle cherche à inventer un nouveau lien avec les citoyens. C’est sa modernité. Ce n’est pas démagogique. Elle est persuadée que les projets ne peuvent être menés à bien sans la participation du peuple. Par exemple, pour l’aménagement des voies sur berge, elle a consulté les enfants des écoles. Ce sont eux qui
ont demandé les tipis qui sont installés aujourd’hui. Comment retrouver de la légitimité en période de crise
démocratique, c’est le fil rouge de sa politique. »
Le 15 avril, le conseil de Paris votera la candidature de la ville aux JO. Date clé qui correspond, à quelques jours près, au premier anniversaire de son mandat. « Désormais, le moindre mouvement de cils de la ville de Paris, de l’Etat, des milieux économiques sera surveillé par le CIO. Nous devons être exemplaires », prévient Anne Hidalgo. « Prenez le cas Roland-Garros, soutient Jean-François Martins, adjoint aux Sports. Un des membres du CIO, qui pourrait nous soutenir, s’appelle Francesco Ricci Bitti. Il est président de la Fédération internationale de Tennis. Il pèse lourd. Il n’a pas envie que Roland-Garros devienne un terrain d’affrontement politique. » D’ici là, Anne Hidalgo doit engager d’autres combats. Le plus délicat ? Son bras de fer avec le gouvernement sur les dotations en chute libre. « Je dis à l’Etat “ne me coupez pas les ailes”. Paris verse 500 millions d’euros à la solidarité nationale, soutient la maire de Paris . On ne peut pas aller au-delà. Avec l’Ile-de-France, nous représentons 30% du PIB national. Nous affaiblir, c’est affaiblir le pays. Si une poule ne pond plus d’oeufs, plus personne ne peut faire d’omelette… » Message d’une frondeuse au président pour qu’il change de politique ? « Je ne suis la collaboratrice de personne ! » se défendelle. A ceux qui lui demandent d’où elle tire son esprit rebelle, Anne Hidalgo évoque toujours le lieu qui a marqué son enfance, San Fernando, dans la banlieue de Cadiz, au bord de la marisma (« les marécages »). Elle sautait de bateau en bateau, comme on joue à la marelle. C’est sans doute là qu’elle a appris à toujours retomber sur ses pieds.