Cap sur la COP
La 21 Conférence climatique internationale se tiendra à Paris en décembre. Peu connue des Français, Laurence Tubiana, docteur en économie, en est la chef d’orchestre. Rencontre au Pérou à l’occasion de négociations préparatoires à huis clos
Quelques cernes de fatigue, bien sûr, mais, quand elle sourit, ses yeux s’embrasent d’une lueur bleue touchante. Exténuée mais contente, Laurence Tubiana sirote une limonade dans un petit café de Miraflores, le quartier résidentiel de Lima, la capitale du Pérou. « Pour un baptême du feu, je crois que ça a été plutôt réussi », ditelle avec sa voix de petite souris. Ce qui a été « plutôt réussi », à quelques rues de là, au très chic hôtel Marriott, dont les baies vitrées s’ouvrent sur le Pacifique, c’est sa première « informelle » . Soit trois jours de négociations à huis clos qui ont rassemblé une quarantaine de pays. « Informelle » car la réunion entendait laisser aux diplomates présents la possibilité d’exprimer librement leurs points de vue, leurs desiderata, mais aussi de suggérer quelques audacieuses idées. Ce brainstorming planétaire, la haute fonctionnaire de 63 ans en est l’animatrice en chef. C’est elle, en effet, que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a nommée, au printemps 2014, « représentante spéciale pour la conférence Paris Climat », ce grand raout mondial – plus souvent appelé « COP21 » ou 21 Conférence climatique internationale – qui se déroulera à Paris en décembre et qui doit déboucher sur un accord global de réduction des gaz à effet de serre.
SORTIR DU “BIYÉYOU”
Si elle échoue, sa COP21 pourrait n’être qu’une énième conférence sur le réchauffement climatique destinée à « tirer la sonnette d’alarme » . En cas de succès, elle ouvrirait une ère diplomatique nouvelle ( voir encadré ). C’est cette sacrée responsabilité que porte sur ses épaules Laurence Tubiana. Toujours entre deux aéroports – au bas mot, elle a pris l’avion quinze fois ces quatre derniers mois – notre diplomate climatique à la chevelure argentée n’en est pas encore là. Après Lima, elle va multiplier les rendez-vous – à Paris (avril), Washington (avril) et Bonn ( juin et octobre) – pour faire en sorte que la COP parisienne accueille des pays réellement prêts à limiter leurs émissions de CO . « La partie est loin d’être remportée, admet la négociatrice. Ce n’est pas rien de réunir la quasi-totalité des pays du globe pour leur demander des efforts . Les discussions portant sur la Syrie ou même sur l’épidémie d’Ebola ne rassemblent qu’une poignée de pays. Nous, nous devons convaincre la communauté internationale ! » Une communauté qui jure, la main sur le coeur, qu’elle est obnubilée par le réchauffement mais qui, à cause des lobbies et de son immobilisme, n’arrive pas à remettre en cause son addiction au charbon et au pétrole, deux énergies hyperproductrices de CO . D’où un constat sans appel : +30% d’émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 1990 et 2010 !
Pour l’oeil non avisé, l’ « informelle » de Lima ressemble pourtant moins à l’antichambre d’un monde en train de lutter pour sa survie qu’à une soporifique réunion de copropriétaires : les émissaires des pays y prennent la parole les uns après les autres, dans un éprouvant globish – cet anglais passe-partout employé par les diplomates et les businessmen. Avec la