Arsène Lupin sur la Toile
PAR ADRIEN GOETZ, GRASSET, 234 P., 18,50 EUROS.
Le gentleman est immortel; le cambrioleur, insaisissable. L’élégant Arsène Lupin, qui a révélé le secret de l’aiguille creuse, découvert l’île aux trente cercueils, courtisé la comtesse de Cagliostro et enfl ammé l’imagination d’innombrables collégiens, revient dans un roman fantasque et enlevé d’Adrien Goetz. Bien que né en 1874, notre héros a eu une carrière longue et fructueuse, jusqu’en 1929, date à laquelle on le croyait disparu sous le nom de capitaine Cocorico. Mort? Balivernes! Le voici qui caracole sur les réseaux sociaux, rafl e les données informatiques de banques juteuses et, après s’être consacré un instant au réchauffement climatique, s’occupe de rendre à la France « la Joconde » volée. Adrien Goetz, critique d’art, a la plume alerte et les rêves fertiles; il a signé des polars réjouissants, où passent des personnages du monde de la peinture : Ingres dans « la Dormeuse de Naples », Peggy Guggenheim dans « A bas la nuit ! », Balthus dans « Webcam ». Son Arsène Lupin est gai, moderne et, bien sûr, toujours prêt. La preuve, les derniers mots du livre sont : « A suivre ».
Ecrivain encensé, Kennedy Marr est aussi un paresseux de première. Depuis des années, son éditeur attend un manuscrit dont il n’a pas écrit une ligne. En attendant, il mène une vie de noceur à Hollywood, où il exerce ses talents de scénariste. Pour oublier cette industrie du cinéma qu’il méprise, il se noie dans l’alcool, la drogue et la pornographie. Au point que cet Irlandais a peur de devoir rendre des comptes à l’Eternel. Mais, pour l’heure, c’est le fi sc qui lui réclame une dette d’un million de dollars. Bref, Kennedy le narcissique immature est mal parti. Or, miracle, son agent lui annonce qu’on vient de lui attribuer un prix littéraire britannique richement doté. Seul problème, ce prix l’oblige à enseigner en Angleterre pendant un an. Les autorités universitaires, qui s’imaginent redorer ainsi leur blason, en seront pour leurs frais. Car Kennedy fait une arrivée fracassante à l’aéroport, encadré par la police après avoir provoqué une rixe à bord de l’avion… Le premier roman publié en France de l’Ecossais John Niven (photo) est un régal. Son humour sardonique n’est pas sans évoquer celui de Jonathan Tropper, sa peinture sans pitié des milieux artistiques fait mouche. Son lamentable enfant terrible happé par la célébrité et l’argent fi nira par grandir. Et par nous émouvoir.