L'Obs

Py à contre-courant

D’OLIVIER PY. JUSQU’AU 18 AVRIL, THÉÂTRE DE LA VILLE, PARIS-4 , RENS. : 01-42-74-22-77.

- J. N.

Deux semaines après la conférence de presse où il a détaillé le menu du prochain Festival d’Avignon, Olivier Py présente son « Orlando » au public parisien. La pièce n’a pas fait l’unanimité en sa faveur l’été dernier. Sa durée (3h20) et sa luxuriance ont rebuté pas mal de spectateur­s. Face à ce déferlemen­t de poésie, ils s’accrochaie­nt à leur siège, refusaient obstinémen­t de se laisser emporter. C’est que Samuel Beckett et ses épigones ont pour longtemps asséché la prose théâtrale. Le public a pris l’habitude du maigre. (C’est pourtant le persillé de la viande qui lui donne son goût.) Prenant Claudel pour modèle, c’est-à-dire une écriture succulente, charnue, Py marche à contre-courant. Il est bon que le théâtre se di érencie du cinéma et de la télévision en usant d’une langue spécifi que, seulement Py ne maîtrise pas toujours son abondance. « Orlando » contient quantité de pépites, mais aussi une masse de scories. De quoi parle cette farce lyrique ? De la création artistique, de la fi liation, de la politique culturelle et bien sûr de Dieu, puisque Py se proclame catholique (tout en se montrant fort peu chrétien envers Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture qui l’a chassé de l’Odéon)… On retrouve ici ses fi dèles acolytes Philippe Girard et Jean-Damien Barbin (qui seront en juillet prochain le Roi Lear et son Fou sur le plateau de la cour d’honneur du Palais des Papes), Mireille Herbstmeye­r, Laure Calamy, Eddie Chignara (photo), Matthieu Dessertine, Stéphane Leach et François Michonneau. On avait ardemment applaudi le spectacle à Avignon. Sans cacher qu’il laissait cependant divisé.

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