L'Obs

Avez-vous peur pour vous-même ?

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Bien sûr, tous les Russes devraient avoir peur, et je suis plus exposé que d’autres… Je suis le seul ancien Premier ministre que le pouvoir ne protège pas. Depuis que je me suis ouvertemen­t opposé à Poutine, on m’a retiré les gardes du corps auxquels les ex-chefs de gouverneme­nt ont droit… Etes-vous surveillé par les services secrets russes ? Je vis en permanence sous surveillan­ce. Ils ne se cachent même pas pour me suivre, en particulie­r avant les manifestat­ions politiques.

Songez-vous à l’exil, comme beaucoup ? Non. La Russie est mon pays. Je dois assumer mon statut. Après la mort de Boris, l’un de ses principaux chefs de file, et le départ de plusieurs de ses figures, l’opposition ne peut mettre en avant que quelques noms connus des Russes. Dont le mien.

Quelle est la situation de l’opposition ? Le meurtre de Boris a été un tournant. Depuis, les Russes, la classe moyenne et les intellectu­els, surtout, commencent à modifier en profondeur leur regard sur le régime, sur ce qu’il a fait ou pas fait, ces quinze dernières années. De plus en plus de gens, célèbres ou anonymes, jeunes ou vieux, viennent nous demander comment ils peuvent nous aider. Je ne dis pas qu’il s’agit d’une vague immense, mais c’est un signal important : l’atmosphère est en train de changer. Poutine pourrait-il quitter le pouvoir à la suite d’élections ou seulement poussé par la rue ? Nous n’avons pas d’élections libres en Russie ! En fait, nous ne pourrons en avoir que grâce… à la rue. Le pouvoir n’organisera un scrutin honnête que s’il y est

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