Au nom de la laïcité, on débat pourtant aujourd’hui de l’interdiction du port du voile islamique à l’université ou dans les crèches privées, on polémique sur les menus avec ou sans porc dans les cantines scolaires… De quoi ces controverses sont-elles le s
P. MANENT Il y a une perplexité évidente de la société française sur la manière d’accommoder l’islam. C’est une di culté pour les non-musulmans comme pour les musulmans eux-mêmes qui, sans avoir connu l’épreuve formatrice de la guerre intime entre le corps politique et la religion, doivent participer à la vie d’une société plurielle et libre, et prendre part utilement à la conversation civique. Dénoncer l’islamophobie ne peut pas être leur seule contribution! Il y a plus généralement une question religieuse désormais urgente dans une société où l’on s’était raconté une histoire, celle de la fin de la religion. Or l’on se rend compte que la vie commune est profondément a ectée par le religieux et on ne sait pas comment réagir à cela. Alors on se hâte de se protéger par un mot. Mais dire « laïcité » ne su ra pas. Nous devrons inventer de nouvelles réponses. Ce sera une négociation di cile, aventureuse et qui peut connaître des ratés extrêmement graves. Dans ces conditions, la fixation sur des signes extérieurs d’appartenance religieuse, comme le voile ou la nourriture à la cantine, me semble assez puérile. On voudrait résoudre un problème profond, complexe, en ôtant les signes du problème dans l’espace public. Je crois au contraire que, si l’on veut que notre vie commune retrouve un peu de sincérité, il faut accepter les signes des convictions des uns et des autres tant qu’elles s’expriment sans violence ni prosélytisme agressif. MGR MÜLLER Je suis tout à fait d’accord, les musulmans ont le droit de vivre en France, et comme tout un chacun, ils peuvent se nourrir et s’habiller comme ils le veulent. Seul le voile intégral