L'Obs

Raphael se réveille

PAR RAPHAEL (PLAY ON)

- SOPHIE DELASSEIN

Le contrebass­iste cubain Felipe Cabrera et le pianiste brésilien Leonardo Montana jouent au SunsetSuns­ide (Paris 1er)

le 16 avril à l’occasion de la sortie de leur album, « Night Poems », chez

Absilone. Pour fêter en beauté son 70e anniversai­re, le pianiste Keith Jarrett sort deux CD le 9 mai chez ECM : le premier est un choix des concerts de sa dernière tournée en 2014, le second regroupe des concerts de 1983

et 1984.

Bientôt 40 ans et déjà quinze ans de carrière. Raphael, l’enfant bien né, s’accommode plus ou moins de son image de grand romantique. Après le triomphe de « Caravane », il y a dix ans, il n’a cessé de chercher à la casser, comme s’il voulait à toute force (se) surprendre. On l’a vu ainsi marcher sur les brisées de Bashung, de Manset, de Christophe, quitte à voir la courbe des ventes de disques dégringole­r. Après un clin d’oeil à Renaud (« la Chanson pour Pierrot ») et un hommage à Ferrat (« J’arrive là où je suis étranger »), Raphael a par la suite choisi le silence. Son retour va contrarier ses nombreux détracteur­s : « Somnambule­s » est un bon disque. L’ex-gueule d’ange réapparaît sous les traits d’un père de famille, l’esprit mature et les épaules larges. Raphael aborde le thème de l’enfance sous toutes ses coutures, sans pathos, avec une sensibilit­é exacerbée par l’omniprésen­ce des choeurs du CM2 de l’école Houdon. Enregistré­es en quelques jours, en acoustique et avec l’énergie du direct, qu’elles soient rock ou pas, ces chansons sont empreintes d’une certaine pureté. Comme si les enfants qui l’accompagne­nt désiraient à toute force rester dans un monde rêvé, semblable à celui de Peter Pan. Mais une certaine dureté se fait jour quand l’innocence fiche le camp, quand on devient l’enjeu du divorce, quand on grandit « à coup de Dr. Martens », quand le coeur de sa mère cesse de battre, quand les rêves se brisent. Le clip du single, « Somnambule », extrait de cet album, est filmé dans un parking. Il rappelle « Bad » de Michael Jackson, mais on y voit cette fois des mômes au visage amoché, le regard assombri par des cocards. Des images marquantes qui nous accompagne­nt durant l’écoute complète du disque. Il faut attendre la fin de l’album pour trouver les chansons les plus touchantes. Ainsi, porté par une mélodie lyrique à la Polnare , « Tous mes petits enfants », « les épaules voûtées à porter sur le dos le monde sauvé des eaux ». La chanson suivante, « Si jamais je nais demain » évoque quant à elle la procession des « hommes, (qui) un cartable sur le dos s’en vont chantant jusqu’au tombeau ». Et si « Somnambule­s » était le meilleur album de Raphael ?

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