Laure Marchand
PAR LAURE MARCHAND, GUILLAUME PERRIER ET THOMAS AZUÉLOS, FUTUROPOLIS, 130 P., 19 EUROS.
Alors qu’on commémore le centenaire du génocide arménien, cette BD documentaire coécrite par Laure Marchand, spécialiste de la Turquie à « l’Obs », suit les pas de Christian Varoujan. Ce quinquagénaire marseillais revient sur les terres de ses ancêtres et rencontre des descendants de la tragédie. On y découvre les atrocités défiant l’imagination (racontées, mais jamais montrées), le négationnisme (les autorités turques n’ont, apparemment, jamais entendu parler d’un génocide), mais aussi, heureusement, l’action de ceux que l’on nomme les Justes. Des Kurdes, le plus souvent, qui ont risqué leur vie pour sauver un enfant ou une famille en péril. C’est bouleversant, mais jamais désespérant.
Fils et frère des chanteuses Violeta et Isabel Parra, Angel Parra (photo) est lui-même une figure de la chanson chilienne. Voici sept ans son premier roman, « Mains sur la nuque », se signalait par sa drôlerie. Il se passait pourtant lors d’une des périodes les plus sombres de l’histoire du Chili : le putsch de Pinochet. On retrouve ici l’humour navré propre à l’auteur. Après avoir informé Andrés qu’elle le quittait pour un bandonéoniste argentin, Madeleine, sa compagne française, le réexpédie par avion au Chili où il n’a pas remis les pieds depuis trente ans. A Santiago, on ne tue pas le veau gras mais on organise quand même un barbecue en son honneur. Cependant, Alejandro, le cousin qui était du côté des tortionnaires, fait la gueule au retornado… Angel Parra pourrait bomber le torse, s’enorgueillir de l’engagement qui lui valut de subir comme son héros la prison et l’exil. Il préfère se moquer gentiment des rescapés qui font du ressassement de leurs épreuves un numéro bien rodé. L’élégance du roman découle de cette pudeur.