Un si bon sauvage
PAR NICOLAS ROEG. FILM AUSTRALIEN, AVEC JENNY AGUTTER, DAVID GULPILIL, JOHN MEILLON (1971, 1H40).
Le détail important qu’on oublie toujours en parlant de ce film, c’est que le scénario a été écrit par Edward Bond, sans doute l’un des auteurs dramatiques les plus importants du siècle (« Sauvés », « Lear », « Auprès de la mer intérieure »). Il a notamment signé, au cinéma, le scénario de « la Chambre obscure », d’après Nabokov, et les dialogues de « Blow-Up » d’Antonioni. Ici, il adapte un roman de James Vance Marshall dans lequel deux enfants sont abandonnés dans l’outback, le désert australien, et recueillis par un Aborigène qui leur apprend à survivre. Deuxième film de Nicolas Roeg (réalisateur de « Don’t Look Now » et de « L’homme qui venait d’ailleurs »), « Walkabout » est représentatif de l’époque flower power (le mythe du bon sauvage) et, au fil des ans, a gagné un statut d’oeuvre à teinte philosophique. Revu aujourd’hui, le film semble un tantinet naïf, mais possède une incontestable force de conviction. altérer son témoignage. Qu’est-ce qui peut motiver un homme à se suicider pour une cause perdue d’avance? La question est d’une actualité terrible.
À LIRE
Sellers… On retrouve le ton élégant et drôle du personnage, et cette façon unique de se moquer de soi-même. Moore raconte comment l’un de ses producteurs a réussi à persuader le pape de bénir son film, comment Christopher Reeve venait déjeuner en costume de Superman, comment le Rat Pack de Frank Sinatra faisait les délices des soirées de Las Vegas… Illustré de nombreuses photos qui témoignent de l’élégance vestimentaire de Moore, le livre se feuillette avec plaisir. En Angleterre, il s’intitule « Last Man Standing » (« le dernier à rester ») ; aux Etats-Unis, « One Lucky Bastard » (« un sacré veinard »).
Certes, des films comme « Salò ou les 120 journées de Sodome », de Pasolini, « l’Empire des sens », de Nagisa Oshima, « la Dernière Tentation du Christ », de Scorsese, ont provoqué le scandale – soit par des images de sexe trop crues, soit par des sujets trop délicats. Mais on a oublié que, bien avant, des films comme « Naissance d’une nation », de Griffith (1915), « Nana », de Jean Renoir (1926) ou « l’Age d’or », de Buñuel (1930), ont provoqué des levées de boucliers, des clameurs de protestations, voire des bagarres dans les salles! L’irrévérence a toujours fait partie de l’histoire du cinéma : Guillaume Evin recense 80 films qui ont marqué les esprits. Est-il encore possible de scandaliser? Difficile. Les deux derniers films cités, « Antichrist », de Lars von Trier (2009), et « Zero Dark Thirty », de Kathryn Bigelow (2012), ont suscité des articles furibonds, mais guère plus. Le livre nous rappelle, opportunément, que le scandale, c’est fun.