L'Obs

Paul Weller, source d’énergie

PAR PAUL WELLER (PARLOPHONE)

- BERNARD GÉNIÈS

C’était le cri de guerre des punks : No future. Pas d’avenir. Depuis, d’autres ont a rmé que nous approchion­s de « la fin de l’histoire ». Aujourd’hui, Paul Weller, l’ex-frontman de The Jam, déclare quant à lui ne plus vouloir « entendre parler du passé ». Plus d’avenir, plus d’histoire, plus de passé ? Comme disait Gauguin : « Où allons-nous ? » A défaut de répondre à la question, Paul Weller a repris le chemin des studios pour enregistre­r son douzième album solo. L’admirateur des Small Faces, des Zombies et de Paul McCartney (dont il a emprunté le prénom, délaissant celui de son acte d’état civil, John William Weller, en 1958) est désormais devenu aussi un grand fan de ProTools (logiciels d’enregistre­ment et de mixage). L’album démarre sur les chapeaux de roue avec l’incendiair­e « White Sky », machine de guerre menée par la voix distordue de Weller. Des volutes psychédéli­ques enveloppen­t cette furie électrique que l’on retrouve brièvement avec « Long Time » (titre au format punk : seulement deux minutes et des poussières). Autre perle du disque : « Pick It Up ». Ici, Weller sort le grand jeu, entre rock et funk, guitares (électrique­s et acoustique) et claviers au son churchy venant épauler la voix et les choeurs. Homme des temps modernes (on se souvient du légendaire « Modern World » de The Jam), Weller s’o re une virée routière sur la M25 (l’autoroute londonienn­e) avec « In the Car », ballade électroaco­ustique qui annonce en toute beauté « These City Streets », neuvième et dernier titre de l’album aux accents amoureux et mélancoliq­ues. Certes, on préférera oublier deux ou trois morceaux (comme celui qui lui donne son titre, « Saturns Pattern »). Mais au moment où l’on réédite en coffret ses cinq premiers disques solo (depuis « Paul Weller » jusqu’à « Heliocentr­ic »), on mesurera le chemin parcouru : malgré son déni du passé, Paul Weller n’en cultive pas moins ses influences (l’album est dédié à « notre cher ami » et « homme merveilleu­x » que fut Ian « Mac » Lagan, pilier des Small Faces, mort l’an dernier). Mais il les cultive sans excès ni nostalgie, déployant une énergie rutilante.

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