COGNER, c’est chic
Le Mixed Martial Arts (MMA) fait un carton auprès de cadres supérieurs désireux de s’encanailler. Enquête sur cette pratique sportive au parfum sulfureux
Il faut passer le salon d’accueil et ses fauteuils club, les vestiaires lambrissés, où une série de costards-cravates attendent leurs propriétaires, pour atteindre le vaste dojo, au deuxième étage. Sur le tatami du Racing Club de France, le très chic club de sport de la bourgeoisie parisienne, dans le 7e arrondissement, Jérémy Clastres, 30 ans, cadre supérieur dans l’immobilier, vit le supplice (de Sisyphe) face à Guillaume Bletio, 31 ans, cadre supérieur dans un grand groupe d’assurances. Distribu- tion de petites claques, étreinte surprise… L’assureur retourne le promoteur comme une crêpe. Autour des deux trentenaires, une quarantaine de warriors portant short, tee-shirt de contention, dentier et protège-tibias se mettent aussi (gentiment) des droites, des low kicks (coups de pied aux jambes), des middle kicks (coups de pied au torse), se plaquent, s’enlacent, se saisissent les poignets, les chevilles, les coudes, sinon les petits doigts… avec potentiel étranglement, façon boa. Cet étrange pugilat porte un nom : le MMA, acronyme anglais pour Mixed Martial Arts, un mélange de boxe pieds-poings, de lutte pour amener l’adversaire au sol et de corps-à-corps, comme il se pratique (un peu) au judo et (beaucoup) au jujitsu brésilien… La discipline, née il y a quinze ans (voir encadré), cartonne. Dans les banlieues, où elle a longtemps existé sous forme de free fight (combat libre). Mais aussi dans les petites villes de province, où les judokas font tomber le kimono pour cette pratique jugée plus libre et plus ludique. Et surtout, ce qui est plus étonnant, dans les beaux quartiers, chez