L'Obs

C’est du Vilain

PAR PHILIPPE VILAIN, GRASSET, 160 P., 16 EUROS.

- JÉRÔME GARCIN BERNARD GÉNIÈS

Cela fait presque vingt ans que, dans des livres plus sanglés qu’un pur-sang, Philippe Vilain étudie, de la ferveur au renoncemen­t, de la timidité à la jalousie, du regret au remords, toutes les combinaiso­ns possibles du sentiment amoureux. Cette fois, notre nouveau Benjamin Constant déplace son étude sur le web et soumet le couple à l’épreuve cruelle des paris en ligne. Paul, un informatic­ien de 39 ans, trompe en e et sa femme, Sara, une agente immobilièr­e, avec une coûteuse maîtresse : la Toile, où il mise des fortunes sur l’issue des matchs de football et de tennis. Une passion cachée qui va lentement ruiner son compte en banque et leur relation. La force du roman – outre un style de moraliste qui gouverne en maître les émotions – tient à une étourdissa­nte exploratio­n des paris en ligne. A croire que Philippe Vilain y a lui-même succombé. Une addiction telle qu’un accro peut jouer sa vie aussi bien sur un match de légende, disons RealAtléti­co, que sur une obscure partie de tennis au fin fond du Kazakhstan. On apprend aussi de quelle manière les gains sont multipliés, qu’il est plus excitant de risquer la banquerout­e que d’espérer la richesse, comment ouvrir un compte sous un nom d’emprunt, et pourquoi rien ne saurait arrêter cette spirale infernale. En mêlant, dans ces jeux modernes de l’amour et du hasard, l’autoportra­it raisonné d’un flambeur flamboyant à la confession désolée d’un mari infidèle – « Le jeu était la meilleure façon de nous perdre » –, Philippe Vilain double la mise et augmente l’adrénaline du lecteur qui, à la dernière page, comme d’une drogue, en redemande.

Le roman populaire n’est pas mort. Et François Cérésa (photo), auteur d’une trentaine de récits, le prouve avec une énergie dont l’allégresse ne semble jamais faiblir. Avec « le Lys blanc », il nous transporte au coeur de la Révolution française. L’héroïne du récit, prénommée MarieAntoi­nette (!), est la fille d’un boulanger de Pornic qui, après avoir été abusée par un aristocrat­e, décide de monter à Paris. Lingère, puis serveuse au Procope, elle assiste aux premiers éclats de la révolte et côtoie bientôt ses grandes figures. Devenue agent secret pour la Convention, elle reprend le chemin de sa Vendée natale où les feux de la contre-révolution se dressent. François Cérésa sort sa plume comme d’autres, l’épée. Sa lame tranche et cisèle, n’accordant aucun répit à une intrigue menée tambour battant. On lui pardonne de forcer parfois le trait, c’est la loi du genre – et c’est la Révolution ! Quel sera le sort de Marie-Antoinette? La fin du roman laisse deviner une suite. Nous attendrons donc avec impatience le retour de MarieAntoi­nette.

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