L'Obs

Les indispensa­bles de l’été

Ce n’est pas parce qu’un livre se vend à des centaines de milliers d’exemplaire­s qu’il est forcément mauvais. La preuve par Kennedy, Cauwelaert, Higgins Clark et quelques autres...

- DIDIER JACOB

S i vous ne savez pas encore quel roman jeter au fond de votre valise, suivez ces trois préceptes : d’abord, ne vous fiez pas à l’épaisseur du volume. Les plaisirs concentrés valent mieux que les gros pavés indigestes et, sauf exception, la qualité de l’ouvrage sera souvent inversemen­t proportion­nelle à son nombre de pages. Deuxième règle : fuyez les romans dits « de plage ». Ce n’est pas parce que vous êtes au repos que vos neurones devraient faire la sieste aussi. Les grandes histoires formatées pour un éphémère usage estival sont has been, qu’on se le dise. Et vous ferez sensation, sur les plages corses, si vous dévorez le nouveau roman de Pete Fromm, une grande voix du Montana (voir plus bas), plutôt que le énième Marc Levy, qu’une dizaine d’autres vacanciers lisent aussi au café de la plage. Dernière règle d’or : fiez-vous à votre instinct, prenez l’avis du libraire, lisez les premières pages avant de vous décider, et rappelez-vous que ces vacances si méritées sont aussi l’occasion de rattraper le temps perdu, et de découvrir un bon livre, sorti il y a quelques mois, plutôt que de vous jeter sur le dernier publié. En somme, les grands romans populaires ne sont pas toujours les daubes que l’on croit. En voici dix, triés sur le volet pour votre plus grand plaisir. Bonnes lectures !

|| CAUWELAERT || ALESCROCS

Dans « Jules », de Didier van Cauwelaert (Albin Michel, 288 p., 19,50 euros), Zibal vend des macarons au nouveau stand Ladurée de l’aéroport d’Orly. Quoique doté d’une intelligen­ce supérieure, ce charmant scientifiq­ue n’a pas encore décroché le brevet du siècle, qui lui permettra, pour ce qui est des macarons, de les manger, pas de les vendre. Il tombe amoureux d’Alice, une jeune aveugle qui voyage avec Jules, son chien. Alice est en partance pour Nice où elle doit se faire opérer. Justement elle retrouve la vue. Que va-t-elle faire de Jules, maintenant qu’elle est autonome ? Une fois séparée du clébard, Alice broie du noir, et ce n’est pas son chéri, qui l’emmène en croisière à bord de l’élégant « Daphnic III », un navire battant pavillon honfleuroi­s, qui pourra lui faire oublier les balades sur la plage de Trouville avec Jules, et les léchouille­s affectueus­es de sa langue de 3 kilomètres de long. Dieu merci, Zibal va réveiller ce joli coeur tout meurtri. On aimerait que suive l’adaptation cinématogr­aphique de ce roman fondant comme un macaron à la rose, où Guillaume Canet ferait le biscuit tout craquant, et Léa Seydoux, la crème au milieu.

LEDERNIER || DES KENNEDY ||

C’est toujours le problème avec Douglas Kennedy : à peine son livre ouvert, vous n’avez qu’une envie – le refermer. Dès les premières lignes, « Mirage » (trad. par Bernard Cohen, Belfond, 440 p., 22,50 euros) vous

fait l’effet d’un mauvais devoir de sixième : « Premières lueurs du jour. Où étais-je ? Dehors, le ciel, semblable à une rotonde d’un bleu naissant. Le contour des

choses était un peu brouillé... », etc. Il faut donc prendre votre mal en patience, et rentrer dans l’histoire comme le pied dans l’eau glacée : d’un côté, Robyn, qui croit en l’amour malgré son cerveau de chef comptable, de l’autre, Paul, son mari artiste, un homme de peu de certitudes. Ils partent au Maroc pour donner un nouveau sens à leur relation, mais Kennedy va s’efforcer, vous imaginez bien, de barrer le passage à leurs bonnes intentions. Voyez que vous avez, maintenant, envie de vous y plonger...

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