L'Obs

Ce qui est étrange dans votre dernier livre, c’est que vos idées paraissent plus proches de celles du pouvoir, que vous combattez, que de celles des libéraux avec lesquels vous êtes dans l’opposition. Plus proche de Poutine que d’un Nemtsov, le leader lib

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Mais Nemtsov n’était même pas libéral ! Il était le joker de Boris Eltsine. Il devait lui succéder, il était même préféré à Poutine. Alors Nemtsov était devenu amer. Il était jaloux du destin incroyable du petit Poutine. On le voit lors des manifestat­ions : ces libéraux sont des oiseaux qui tweetent tous les jours, une classe de bourgeois apeurés, bons à rien. D’un autre coté, vous, les Occidentau­x, vous exagérez l’importance de Poutine. J’ai formulé depuis plus de vingtcinq ans l’idéologie de notre Etat national. Je ne soutiens pas Poutine, c’est une idiotie de dire ça, mais il a utilisé une partie de mes idées. Ce n’est pas moi qui soutiens Poutine mais lui qui soutient mes idées ! Il a été forcé de réaliser certaines d’entre elles, comme la réunificat­ion de la Crimée avec la Russie. Vladislav Sourkov, qui passe pour l’idéologue du régime de Poutine, s’est-il inspiré de vous ? Ce n’est pas moi qui le dis. Tout le monde le sait. Sourkov n’a pas d’idées à lui seul. Il prend des idées à droite, à gauche, et il les assemble. Contrairem­ent à lui, moi, j’ai mes propres idées. Je ne suis ni de droite ni de gauche. Mon premier parti était moitié de droite, moitié de gauche. C’était une nouveauté dans le monde idéologiqu­e. Dans la société moderne, il n’est pas possible de garder cette pureté idéologiqu­e qui date de la Révolution française. Notre réalité est totalement hybride. Par exemple, nous avons le Parti communiste russe qui croit en Dieu, en l’Eglise. Et moi, je suis un hérétique.

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