L'Obs

Comment analysez-vous le personnage de Poutine ?

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L’actuel Poutine est le résultat de l’influence de deux parties de sa vie. Il a d’abord été un o cier du KGB à un poste insignifia­nt à Dresde, en Allemagne de l’Est. Que pouvait-il faire à part lire les rapports de la Stasi, qui était sans doute la police politique la plus puissante du monde ? Le KGB ne voulait plus de lui. Mais en travaillan­t quinze ans dans cette organisati­on, Poutine a adopté sa mentalité, son regard répressif sur le monde. La deuxième partie de sa vie, la plus importante, c’est son travail à la mairie de Saint-Pétersbour­g pour le maire libéral, Anatoli Sobtchak. C’est là qu’il s’est fait beaucoup de relations. Et Poutine reste totalement fidèle à ces deux faces contradict­oires de sa vie. Depuis Saint-Pétersbour­g, il croit totalement au libéralism­e, au capitalism­e, au marché mondial. Tout en gardant la mentalité d’un « guébiste » des années 1980, avec un zeste de modernité. Vous faites de la littératur­e avec de la politique ou l’inverse ? Je ne me divise pas. Je suis passionné par la politique quand il y a du sang, du danger. J’ai été trois ans en prison. Plus de 300 personnes de notre parti sont passées dans les prisons russes depuis 1989. Nos militants sont arrêtés, parfois lourdement condamnés. Sous Poutine, quatorze de nos militants ont été tués dans des circonstan­ces telles que nous ne doutons pas que c’est le pouvoir qui les a fait supprimer. Dans le Donbass, au mois de mai, sous l’influence de la Russie et du FSB [exKGB], des militants de notre parti ont été arrêtés, puis expulsés de la république de Donetsk car ils voulaient ouvrir un bureau. On nous laisse mourir pour le Donbass mais pas y avoir une influence politique.

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