L'Obs

Ambassadeu­rs de France

Première destinatio­n touristiqu­e mondiale, notre pays a besoin de pros du service autant que de managers rompus aux nouvelles technologi­es

- SOPHIE NOUCHER AÏ-ESTELLE BARREYRE

Si la menace des attentats est bien présente, l’Hexagone reste le pays le plus visité au monde : 85 millions de touristes s’y pressent chaque année. Et 115 à 130 millions de personnes y sont attendues à l’horizon 2025-2030. C’est dire si le secteur a de l’avenir. « Depuis plusieurs années, la pénurie est aiguë du côté des cuisiniers et du personnel de service, explique Bruno de Monte, directeur de l’école de gastronomi­e Ferrandi de Paris. Mais pour les 20% qui concernent des postes au-delà du bac, les exigences ont changé : nouvelles technologi­es, langues vivantes et management sont aujourd’hui incontourn­ables. » En clair : oubliez l’image d’Epinal du bourlingue­ur qui prépare des safaris au Kenya, les entreprise­s cherchent plutôt des as du code source. Comme Damien Belleville, 25 ans, recruté dans un hôtel quatre étoiles de Méribel après un master à l’IAE de Savoie. Le jeune chargé de marketing a « développé le site internet et référencé l’hôtel sur des sites de réservatio­n en ligne ». Du chinois pour ses employeurs.

Mais Damien aurait tout aussi bien pu travailler dans l’événementi­el ou les transports. Son métier, comme celui de revenue manager par exemple – qui fait varier le prix de votre chambre ou de votre billet selon la saison –, se retrouve aussi dans les compagnies aériennes ou ferroviair­es que dans l’hôtellerie. « C’est le paradoxe d’une industrie qui se complexifi­e : plus on est pointu, plus on ouvre ses perspectiv­es parmi les 200 métiers que compte aujourd’hui la profession » , explique Marie Allantaz, directrice de l’Escaet, une école spécialisé­e. Comme le tourisme d’a aires, également en forme. « Les voyages liés à des événements ponctuels comme des conférence­s, mais aussi tous les déplacemen­ts réguliers des cadres des grandes entreprise­s » , précise

Marie Allantaz. Un poste qui pèse lourd dans les dépenses des grandes boîtes qui se dotent d’acheteurs spécialisé­s pour mieux négocier les tarifs.

La priorité du secteur ? L’accueil ! « Aujourd’hui, un client ne veut plus seulement de la qualité de service, il attend une

prestation ultraperso­nnalisée », explique François-Xavier Decelle, qui a dirigé pendant dix ans le master gestion des activités touristiqu­es et hôtelières de Paris-I. L’Institut Paul-Bocuse fait la même analyse et vient d’ouvrir à Lyon un laboratoir­e des services, qui formera des personnels capables d’ « anticiper les désirs du client ». Objectif : la fidélisati­on – en partant de la tenue impeccable du serveur jusqu’à l’étude pointue des comporteme­nts d’achat par le data manager qui analyse les cartes de fidélité, repère les préférence­s, établit des profils et tente de proposer aux clients des o res à se pâmer… Les salaires à l’embauche oscillent entre 30 000 et 35 000 euros brut par an.

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