L'Obs

Eric Judor

Avec son compère Ramzy Bedia, il a écrit, interprété et réalisé “la Tour 2 contrôle infernale”. Très attendue, cette comédie loufoque sort le 10 février

- GUILLAUME LOISON

1

CRÉTINS « Avec Ramzy, ça nous manquait de faire les gogols », reconnaît Judor qui, après quelques années en solo, ressuscite le binôme d’imbéciles heureux de « la Tour Montparnas­se infernale » (2001) reconverti­s comme bagagistes à Orly. Quand Judor phosphore dans son coin, cela donne la série « Platane », satire du showbiz français. Ramzy peaufine, lui, un long-métrage, « Hibou », ouvertemen­t poétique. « Mais, ensemble, la crétinerie s’impose. »

2

KUBRICK « C’est rigolo à dire, mais ses films nous ont clairement influencés pour “la Tour 2 contrôle infernale”. » Le duo a notamment recréé les plafonds lumineux du vaisseau de “2001”. Et copié les contre-plongées et les lignes de fuite du maître. « L’idée, c’était de faire jouer deux grands enfants dans un décor angoissant. »

3

TANDEM Eric et Ramzy avaient réalisé un film à quatre mains, « Seuls Two », en 2008. Une expérience mitigée sur le plan humain : « La couleur du blouson d’un figurant pouvait être une source de dissension. Cela pesait fatalement sur notre complicité d’acteurs. » Du coup, Ramzy a laissé cette fois les commandes à Eric. « Il a eu la gentilless­e de décider pour nous. »

4

RAMZY Leur rencontre a lieu en 1994 au Comptoir des Halles, à Paris. « Un des rares endroits, avec les Bains Douches, à laisser entrer les Blacks et les Arabes. Sa dégaine me fait marrer, je l’aborde, on échange des vannes jusqu’à 5 heures du matin. Ramzy terminait son école de commerce, il vendait des fringues chez Gap. » Six mois plus tard, ils font les premières parties de Gustave Parking puis d’Elie et Dieudonné.

5

DUPIEUX Quentin Dupieux est l’artiste qui a fait monter la cote d’Eric et Ramzy auprès du public branché en les mettant en scène dans « Steak » en 2007, comédie absurde et sophistiqu­ée. « Michel Gondry nous a mis en contact avec lui, persuadé que son univers nous conviendra­it. » Dupieux, alors davantage reconnu dans la musique électro (sous le sobriquet de Mr. Oizo), leur montre un échantillo­n de son travail : « On s’est pris une tarte. On lui a dit : “Ecris ce que tu veux pour nous.” » Depuis « Steak », Judor apparaît régulièrem­ent dans ses films (« Wrong » et « Wrong Cops », tournés en anglais).

6

“LES CAHIERS DU CINÉMA” Eric Judor a fait la couverture du prestigieu­x mensuel en septembre 2013, consacré à la sortie de sa série « Platane ». « Mon césar à moi. Ils m’ont soutenu dès “la Tour Montparnas­se infernale”. »

7

TENNIS Enfant, il jouait cinq heures par jour, convaincu d’avoir un destin de champion. Il a même tenté sa chance, à 17 ans, sur le circuit pro, s’installant en Floride pour y jouer des tournois satellites (3e division mondiale). « J’étais classé aux environs du millième rang mondial. A ce niveau, tu es un smicard. » Il lâche sa raquette quand Michael Chang gagne Roland Garros en 1989. Il avait 17 ans, Judor, 20. « Je ne jouais pas pour être riche ou célèbre, mais par plaisir du jeu. Ma célébrité d’acteur n’a jamais comblé ça. »

8

BOUYGUES En plein doute, Judor accepte, à 25 ans, un job de logisticie­n chez Bouygues O shore à Saint-Quentinen-Yvelines. « Pendant deux ans, j’organise les plannings des ingénieurs que j’envoyais sur des barges pétrolière­s. Ce n’était que de l’intérim, mais je sentais bien que cette vie de bureau ne me convenait pas. Cette routine de manger à la cantine, de craindre mes supérieurs hiérarchiq­ues m’a totalement e rayé. »

9

RÉGIMENT Il fait ses classes à l’armée à 24 ans. « Je déconnais en permanence avec un copain. On a fini par être les deux plus punis de la garnison. Puis, on a décidé d’écrire des sketchs. » Le copain se déballonne juste avant de passer une audition, préférant le CDI que lui propose Air France. Il s’appelle Lionel Dutemple, futur auteur aux « Guignols de l’info », que Judor présentera plus tard à Canal+.

10

DRUCKER Une de ses premières expérience­s télé a lieu sur le plateau de l’immortel du PAF alors aux commandes de « Studio Gabriel ». « Avec Ramzy, on fait notre sketch, pétrifiés. Silence de plomb dans la salle. Drucker a été hypersympa. En postproduc­tion, il a fait rajouter des faux rires. »

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France