Irak, année zéro
HOMELAND. IRAK ANNÉE ZÉRO (PARTIE 1 : « AVANT LA CHUTE », 2H40 ; PARTIE 2 : « APRÈS LA BATAILLE », 2H54), PAR ABBAS FAHDEL. DOCUMENTAIRE FRANCO-IRAKIEN.
Une immersion au coeur d’une famille irakienne, voilà ce que propose ce film proprement unique. Le titre, « Homeland », fait référence à la série d’Edgar Reitz « Heimat », chronique sur plusieurs années d’une famille allemande, et le sous-titre, « Irak année zéro », au chef-d’oeuvre de Rossellini « Allemagne année zéro », filmé dans les ruines de Berlin en 1947. Dans la première partie, « Avant la chute », Abbas Fahdel, qui a quitté l’Irak au début des années 1980, filme les siens entre février 2002 et mars 2003. Ils se préparent à une guerre annoncée depuis longtemps. Adultes et enfants s’organisent en prévision des privations à venir. Eux qui subissent déjà les e ets de l’embargo s’interrogent pour savoir comment ils pourraient survivre aux bombes et aux missiles américains, après avoir été écrasés sous le poids de la dictature de Saddam Hussein. La seconde partie, « Après la bataille », montre les e ets de l’invasion américaine d’avril 2003 : villes en ruine, campagnes sans loi, livrées aux pilleurs et aux incendiaires, familles soumises tant aux bandits qu’aux occupants étrangers. La mort frappe à l’aveugle. La famille du cinéaste est touchée, elle aussi, et ce jour de juillet 2003, Abbas Fahdel arrête de filmer. Il laissera passer dix années avant de se confronter à ses propres images. Il les livre sans chercher jamais à solliciter l’émotion, dessinant le tableau d’un monde dont le spectateur découvre qu’il ignorait tout. Le film saisissant, captivant, essentiel, dure cinq heures et trente-quatre minutes.