L'Obs

POURQUOI LUI ?

Grégory Robert

- par LAURIANNE MELIERRE

QUI EST IL ?

Il est très grand, on le voit de loin. Et ensuite… on s’en souvient. Du haut de son 1,91 m, Grégory (qui demandera très vite à ce qu’on l’appelle « Gogo », son surnom de toujours) aurait facilement été taxé d’excentriqu­e il y a quinze ans. Sauf qu’aujourd’hui, sa dégaine de dandy cool, entre salopettes, sweats nineties XXL et costumes pop, s’est imposée comme la référence d’une jeunesse aussi protéiform­e que créative. Alors forcément, le garçon est mannequin. Mais forcément, il est aussi un peu plus que cela, s’inscrivant avec tout le naturel du monde au sein de cette nouvelle vague de slasheurs qui refusent le compromis. « Etre modèle, d’accord. Un cintre muet et docile, jamais ! » Un bagou qui lui colle à la peau et résume bien le leitmotiv des mannequins et designers du moment, qui, au-delà d’une « gueule », recherchen­t désormais de vraies personnali­tés. Avec lui, pari gagné.

QUE FAIT IL ?

Ou peut-être devrait-on dire « que font-ils » ? Ado, Gogo se rêvait danseur de hip-hop : « Il n’y a qu’en dansant que je me sentais parfaiteme­nt heureux. » Depuis, si Grégory n’a pas totalement abandonné le new style, c’est grâce au mannequina­t qu’il entre dans le réseau si soudé de la marque Pigalle. Un microcosme qui rassemble plusieurs membres du collectif arty Pain O Chokolat, dont fait partie Stéphane Ashpool, designer prolifique de Pigalle qui rafle en 2015 le prestigieu­x prix de l’Andam, mais aussi le très visible directeur artistique Charaf Tajer ou le danseur et producteur Kirikoo. Un crew aussi cosmopolit­e que les rues de Paris et de sa banlieue qu’ils côtoient depuis toujours… Aujourd’hui, Grégory chapeaute les castings de la maison, anime les événements relatifs à la marque, défile à chaque fashion week, maîtrise à la perfection son image 2.0, apparaît dans plusieurs vidéoclips, et vient d’être nommé responsabl­e de la boutique Pigalle Basketball de la rue Duperré, dédiée aux produits issus de la collaborat­ion entre Pigalle et le NikeLab, le pendant technique de l’équipement­ier américain. « La famille Pigalle, c’est une histoire de confiance. Avec eux, j’ai grandi. Assez pour me donner envie de lancer ma marque, moi aussi. » Alors 1,2, 3, Gogo !

D’OÙ VIENT IL ?

Son père est né et a grandi à Tahiti. Sa mère est indienne et guadeloupé­enne. Un mélange détonnant qui donne à son profil cette aura si hypnotique. Mais le garçon est sûr de lui : « Au-delà de mes origines, je suis juste un gars du 95 : à Pontoise, on vient souvent d’ailleurs. » C’est surtout grâce à sa capacité à jongler avec les opportunit­és qu’il se fera repérer. Arrêté dans la rue par un bookeur, il intègre à 17 ans une agence de mannequina­t, puis deux, avant d’être personnell­ement recruté par l’excellente Académie internatio­nale de Danse du 16e arrondisse­ment parisien. Il sera l’un des seuls élèves à pouvoir y suivre les cours gracieusem­ent, la directrice choisissan­t de donner sa chance à un gamin au talent certain et qui, sans aide, n’aurait jamais eu les moyens de s’y former. « J’ai eu de la chance : j’ai toujours rencontré des personnes qui ont voulu croire en moi. » Avec ces mots, on comprendra que derrière une carapace branchée, tout est toujours une question de chaleur et de sincérité. « C’est ce qui rapproche vraiment les gens. » Un peu comme les éto es Pigalle, finalement.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France