LA CHAMBRE D’EN FACE PAR MICHAEL NOER
Drame danois, avec Ghita Nørby et Sven Wollter (1h31).
C’est un film où l’on entre avec la pressante envie – ce serait une erreur – d’en sortir au plus vite. Car on s’installe, d’emblée, dans une maison de retraite, au Danemark, en compagnie d’une femme courage, Lily, qui veille, habille, accompagne son mari, Max, qu’une attaque cérébrale a pétrifié et rendu aphasique. On craint le docu-fiction financé par la complémentaire santé de Copenhague sur la fin de vie et l’abnégation des rescapés, lorsque la maladie frappe les vieux couples de plein fouet. Et puis, soudain, le film bascule avec l’apparition, dans la chambre d’en face, d’un ancien pilote octogénaire, célibataire, parkinsonien et trompettiste. Il porte une moustache et des pochettes. On devine sans mal qu’il fut un grand séducteur jetlagué. En même temps que Max agonise, voici donc que Lily se meurt d’amour pour ce voisin bon vivant qui la fait rire, boire, danser, lui raconte Venise, lui promet de l’emmener visiter Paris et de lui faire connaître, au lit, le septième ciel. Mais le rêve des tourtereaux vermeils va se heurter à la pruderie des autres résidents, à la colère de la fille de Lily et à l’arrivée, en tapinois, d’une forme de démence qui rend peu à peu l’amoureuse amnésique. Le film rigoureux, ultrasensible, tendre et cruel de Michael Noer (à qui on doit un formidable polar, « Northwest ») vaut pour ce couple bergmanien: la Danoise Ghita Nørby (venue de chez Bille August) et le Suédois Sven Wollter (sorti de chez Tarkovski), qui jouent comme on se consume et réussissent à nous faire croire que, à leur âge, l’amour est plus fort que la mort.