Scène de viol
LES CHATOUILLES OU LA DANSE DE LA COLÈRE, D’ANDRÉA BESCOND. PETIT MONTPARNASSE, PARIS-14E, RENS. : 01-43-22-77-74.
Depuis plusieurs années les victimes de viol bravent la loi du silence et témoignent sous forme de romans, films ou pièces de théâtre. On en infère que ce crime est a reusement répandu. Selon l’auteur, il y aurait chez nous 75 000 viols par an. Et autant sur des enfants. Odette, son héroïne, une petite danseuse, soeur française de Billy Elliot, est depuis ses 8 ans abusée par un pédophile. La gamine n’ose pas se plaindre des prétendues chatouilles de plus en plus poussées de cet ami de la famille. La pièce raconte comment, arrivée en sale état à l’âge adulte, Odette reconquerra l’estime d’elle-même. Andréa Bescond procède sans pathos. Elle réussit même à faire rire. Par exemple quand le gendarme qui enregistre la plainte d’Odette laisse éclater sa joie en apprenant qu’il y a eu pénétration : hourra ! On va pouvoir envoyer le pervers aux assises ! Ou encore lorsque la mère compare le martyre de sa petite fille au sien quand, un jour, un quadragénaire s’est collé à elle dans un ascenseur comble… L’habileté de l’auteur-interprète laisse confondu. Sa prodigieuse malléabilité rappelle celle de Philippe Caubère – ce qui n’est pas un mince compliment. Comme lui, elle donne vie à plusieurs personnages en même temps et fait de son one-woman-show une pièce à part entière. On comprend que le spectacle, mis en scène sans complaisance ni vulgarité par Eric Métayer, ait connu un tel succès dans l’O d’Avignon.