L'Obs

Les émerveille­ments d’Apollinair­e

APOLLINAIR­E, LE REGARD DU POÈTE, MUSÉE DE L’ORANGERIE, PARIS-8E ; 01-44-77-80-08. JUSQU’AU 18 JUILLET. CATALOGUE DE L’EXPO, GALLIMARD, 320 P., 45 EUROS.

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L’enthousias­me fut la bonne étoile de Guillaume Apollinair­e (1880-1918). Poète, éditeur, il fut aussi critique d’art durant une quinzaine d’années. Dans le creuset parisien où il évolue à la veille de la Première Guerre mondiale, il fréquente les figures de proue de la création contempora­ine. Curieux de tout, Apollinair­e affirme que son « unique » et « primitive passion » est tournée vers le « culte des images ». Un culte auquel il va se vouer sans discerneme­nt, portant son regard vers le cubisme, le futurisme, les arts d’Afrique et d’Océanie ou encore le cirque et le cinéma naissant. Rien ne lui échappe, il est porté par le désir de découvrir et de partager. L’exposition du Musée de l’Orangerie souligne ce rôle de passeur éclectique. Photograph­ies, documents, dessins, sculptures, tableaux recomposen­t ici cette incroyable creuset artistique qui allait ébranler tous les fondements de l’art. L’heure est aux audaces. Des oeuvres de Braque, Gris, Metzinger, Chagall, Léger, Derain, Duchamp (dont sa version n° 1 du célèbre « Nu descendant un escalier ») jalonnent un parcours thématique où l’on trouve également les propres créations d’Apollinair­e (dessins, gouaches, calligramm­es). Une salle entière est consacrée à l’amitié qui unit Picasso et le poète durant plus d’une décennie. On y verra notamment « l’Homme à la guitare », tableau que Picasso offrit en cadeau de mariage à Apollinair­e en 1918 lorsque celui-ci épousa Jacqueline Kolb. Ou encore, réalisé trente ans après la mort de l’auteur d’« Alcools », ce « Portrait lauré d’Apollinair­e », ultime hommage de Picasso à son ami poète qui n’avait, selon ses propres mots, qu’une seule devise : « J’émerveille. » BERNARD GÉNIÈS

Marc Chagall, « Hommage à Apollinair­e », 1913.

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