VALLS LE PRISONNIER DE MATIGNON
dans les rangs clairsemés des derniers défenseurs du président, le chef du gouvernement se voit contraint d’en prendre la tête pour conserver un semblant d’espace politique.
Emmanuel Macron a annexé le créneau de la modernité économique, Arnaud Montebourg investit celui de l’alternative à gauche, et Jean-Christophe Cambadélis s’est fait notaire des intérêts d’un parti en décrépitude dont l’hostilité aux coups de menton du locataire de Matignon tient lieu de programme commun minimal. Dès lors, à quoi peut bien servir Manuel Valls ? La question lui tape sur les nerfs depuis des mois. Il a fini par se résoudre à assumer le rôle de barde de l’oeuvre de son supérieur… Pas glorieux, mais mieux que rien. Cette mission impossible ne l’enchante guère. Le Jim Phelps du hollandisme déclinant n’a d’autre choix que de s’exécuter.
Jeune conseiller à Matignon du temps de Michel Rocard, Manuel Valls garde un souvenir douloureux de cette période où, condamné à afficher sa déférence à l’endroit du sphinx Mitterrand qui trônait à l’Elysée, Rocard s’était vu affubler par « le Canard enchaîné » du surnom de « Génie des carpettes ». Manuel Valls, lui, a un modèle, le « Tigre » (Clemenceau) : François Hollande en a fait une descente de lit…
Triste sort que celui réservé au détenu de Matignon. Sous Sarkozy, son prédécesseur en avait fait les frais au point de léguer au dictionnaire de la science politique un nouveau terme, « filloniser : verbe transitif. Se dit d’un président qui oblige son Premier ministre à taire ses états d’âme pour faire preuve d’une loyauté sans faille à son endroit ; ex : Nicolas Sarkozy a fillonisé son Premier ministre. »