L'Obs

La bataille de l’affaire Baupin

- EMMANUELLE ANIZON

LES JOURNALIST­ES SE REBIFFENT « Nous ne sommes pas la génération Giroud », clamaient en mai 2015, dans « Libération », quarante femmes journalist­es politiques, dont vingt-quatre (parmi lesquelles Nathalie Schuck, du « Parisien ») signent de leur nom. Elles racontent force anecdotes… anonymes. « On ne voulait pas cibler un homme politique en particulie­r, on voulait faire comprendre qu’on était dans un système », explique l’une des signataire­s. LES MILITANTES LÈVENT L’OMERTA 500 militantes et élues, parmi lesquelles Caroline De Haas, disent « merci » à celles qui « ont eu le courage de briser la loi du silence », dans « Libé », le 10 mai 2016. Et lancent une pétition « Violences sexuelles en politique : levons l’omerta ! » sur Change.org. 15 475 signataire­s en une semaine. Certes, on peut faire mieux. LES VICTIMES TÉMOIGNENT C’est par elles que tout a éclaté. Le 9 mai, des femmes dénoncent dans Mediapart et sur France-Inter des faits de harcèlemen­t sexuel. En dévoilant le nom de l’auteur présumé, Denis Baupin, ce qui est assez gonflé. Et à visage découvert, ce qui l’est aussi. Sandrine Rousseau, porte-parole d’EELV : « Il m’a calée contre un mur et a cherché à m’embrasser de force. » L’AÏEULE SE SOUVIENT « Ministre des femmes en 1979, j’ai été agressée par un sénateur… Honte à moi de mon silence ! » Monique Pelletier a été embrassée de force et empoignée. Elle ne précise pas (encore ?) par qui. LES EX-MINISTRES NE SE “TAIRONT PLUS” Dix-sept ministres, dont Cécile Duflot, Aurélie Filippetti, Elisabeth Guigou et NKM appellent le 15 mai 2016, dans « le JDD », à dénoncer « toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comporteme­nts inappropri­és ». Elles demandent que les délais de prescripti­on en matière d’agression sexuelle soient allongés, que les associatio­ns puissent porter plainte en lieu et place des victimes et que les parquets poursuiven­t systématiq­uement en cas de harcèlemen­t. LES RÉFRACTAIR­ES SE LÂCHENT Après l’a aire Baupin, l’ex-secrétaire d’Etat Pierre Lellouche évoque élégamment des « histoires de bonnes femmes ». D’autres en profitent : « Quand je te vois, j’ai envie de te faire une Baupin », s’entend dire Aurore Bergé, élue LR. La palme de la solidarité féminine revient à Christine Boutin : « Honte de ces anciennes ministres qui laissent entendre que les hommes sont des obsédés ! »

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