“Mon autorité d’élue est contestée par les jeunes hommes”
« Autrefois, le monde associatif était contrôlé par des hommes, dont beaucoup d’immigrés de première génération. Aujourd’hui, la plupart des associations dont nous sommes partenaires sont pilotées par des mères de famille. Elles s’investissent dans le social, l’animation, le soutien à leur pays d’origine, et surtout dans la parentalité. A Chanteloup, comme dans beaucoup de villes de banlieue, où l’on compte près de 30% de foyers monoparentaux, l’implication des mères dans la réussite scolaire de leurs enfants ne cesse de croître. Quand nous avons fait le bilan d’un an d’activités périscolaires, 200 personnes se sont déplacées, dont 90% de femmes. Et lorsque nous avons fait bouger la carte scolaire, ce sont encore les femmes qui sont venues me voir. En cinquante rendez-vous, je n’ai vu qu’un seul homme… accompagné de son épouse. Je constate toutefois que cette nouvelle vigueur associative va souvent de pair avec une vision plus communautariste de la société. On se réunit entre proches ou voisines, en s’affiliant rarement aux ONG nationales ou aux fédérations de parents d’élèves. Par ailleurs, les questions d’égalité hommes-femmes et de mixité posent souvent problème. Mon autorité de femme élue est de plus en plus contestée par des jeunes hommes de 25-35 ans, qui peuvent être les enfants ou les conjoints de celles avec qui je travaille au quotidien. Elles s’excusent souvent en leur nom, mais je m’interroge sur le message qu’elles transmettent à leurs enfants. Au-delà de leur mobilisation – réelle – sur les questions de prévention de la délinquance ou de la radicalité, c’est sur ce point-là aussi que je les attends. » (*) Vice-présidente de l’association Ville & Banlieue.