L'Obs

Le Londres d’Antonioni

BLOW-UP, PAR MICHELANGE­LO ANTONIONI. DRAME BRITANNIQU­E, AVEC DAVID HEMMINGS, VANESSA REDGRAVE, SARAH MILES, JANE BIRKIN (1966, 1H52).

- P. M.

C’est LE film du Londres des sixties et c’est l’oeuvre d’un cinéaste italien. Rien ne semblait le destiner à cette réussite : qui pouvait imaginer que l’auteur de « l’Avventura » serait à même de capter l’esprit d’un lieu et d’un temps qui fascinaien­t alors des gens de génération et de culture di érentes des siennes ? Or le film d’Antonioni s’est imposé, moins par son intrigue que par sa vision d’une ville sur laquelle sou e un air nouveau, sans que le poids du passé et de l’Histoire ait cessé encore d’exercer ses droits. Dans « Blow-Up », il y a un photograph­e de mode (David Hemmings, photo) et son Nikon, ses boots, sa chemise à petits carreaux. Il y a les modèles profession­nels, Veruschka en première ligne, et les filles qui rêvent de faire comme elles, dont Jane Birkin. Il y a les Yardbirds (avec Jimmy Page et Je Beck). Il y a Vanessa Redgrave, photograph­iée dans un parc avec un homme, et qui réclame les négatifs au photograph­e. L’homme a disparu, on ne sait pas, peut-être est-ce son cadavre qui, d’agrandisse­ment en agrandisse­ment, se révèle aux yeux et sous la loupe du photograph­e. Dans « Blow-Up », il y a des attitudes, des comporteme­nts, des manières d’être qui alors étaient nouveaux, et le vent dans les branches des arbres d’un parc. Il y a aussi une partie de tennis sans balle qui, il y a cinquante ans, faisait s’interroger sans fin des spectateur­s qui, peut-être, n’y comprenaie­nt rien, mais trouvaient cela bien. Le plus étonnant étant que le film n’a pas pris une ride. De combien peut-on en dire autant ?

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