L'Obs

DELPHINE DELAFON

Quatre ans après avoir relancé la mode du sac seau avec un modèle personnali­sable, la talentueus­e créatrice parisienne sort “Numéro 2”, une besace déclinée en plusieurs tailles, aux finitions sur mesure —

- Par ELVIRE EMPTAZ

QUI EST ELLE ?

On croirait une héroïne des années Palace avec sa silhouette longiligne de mannequin et sa coupe en blond peroxydé à la Edwige Belmore. Elle se décrit d’ailleurs elle-même comme une « fêtarde par nature ». Mais, outre les pas de danse qu’elle exécute régulièrem­ent avec grâce au Montana, à La Mano ou chez Castel, Delphine Delafon est surtout très douée pour la création. Elle s’est fait un nom en 2012 en lançant un petit sac seau devenu culte. Avant cela, elle avait déjà signé des bijoux, des accessoire­s et des vêtements pour d’autres maisons. « Ado en crise, à la campagne, je piochais dans une malle de mon élégante grand-mère parmi ses vieilles a aires. Je m’enfermais dans une chambre et je découpais de vieux pulls Saint Laurent pour les transforme­r. Ce n’était pas toujours probant, mais ça m’a fait la main ! » s’amuse la liane aux faux airs d’Anne Parillaud époque « Nikita ».

D’OÙ VIENT ELLE ?

« Je suis une ancienne cancre ! J’étais nulle à l’école, je n’ai même pas passé le bac… Par contre, j’ai toujours créé. J’ai eu di érentes phases, la céramique, la bougie, la peinture sur tissu et les habits. » DD grandit dans une famille bourgeoise aimante de Saint-Germain-des-Prés, qui soutient ses pulsions artistique­s. Elle ne se sent pas à l’aise dans le système scolaire et passe par trois écoles d’art di érentes, où elle ne reste pas plus d’une année à chaque fois. « J’ai préféré apprendre sur le tas, d’abord chez Carven, puis auprès de Michel Klein. J’ai aussi travaillé pour une artiste et en tant que physio au Madame, une boîte de nuit, avant de devenir styliste indépendan­te. » En 2010, alors qu’elle est entre deux jobs et vient d’avoir un bébé, elle se fabrique un sac, que ses copines lui jalousent rapidement. Elle accepte de leur faire le même, mais à condition d’en changer l’imprimé. Sans le savoir, son concept est né. « Au bout d’un moment, des inconnues frappaient à ma porte pour que je leur adapte le sac selon leur goût ! C’est là que j’ai lancé ma propre marque. »

QUE FAIT ELLE ?

Malgré le succès, c’est toujours dans son petit atelier du 10e arrondisse­ment parisien que tous ses sacs sont réalisés à la main. Les trois quarts des 1500 pièces fabriquées chaque année sont vendus à des boutiques branchées de Paris, New York ou Tokyo. Mais elle continue de recevoir, au milieu des diverses peaux colorées et des bruits de machine à coudre, les clientes venues choisir le coloris et la matière de leur exemplaire numéroté, qui leur est expédié six semaines plus tard. Aujourd’hui, elle développe le système avec un second modèle, une besace, décliné en trois tailles. « Je ne l’ai pas conçu par peur d’être la créatrice d’un seul it-bag. Je ne suis pas stratège, je marche à l’envie. Je voulais juste une nouvelle forme. Ce qui m’inspire, ce sont les associatio­ns de couleurs et de matières, je prends cela comme un jeu. Un jour je reviendrai peut-être aussi au vêtement. » En attendant, Delphine Delafon continue d’avancer à son propre rythme. Le bon, assurément.

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