L'Obs

L’OPINION de Matthieu Croissande­au

- MATTHIEU CROISSANDE­AU M. C.

La récente publicatio­n d’une tribune aux accents conspirati­onnistes imaginant une conjuratio­n ourdie au sommet de l’Etat pour mettre « l’Obs » aux ordres de l’Elysée nous a fait réagir. Ces élucubrati­ons échafaudée­s ou relayées sans vérificati­on par certains de nos confrères, qui aiment pourtant parfois se qualifier d’investigat­eurs, ne s’appuient sur aucun fondement. Et pour cause : elles sont tout simplement diffamatoi­res et mensongère­s !

Il n’existe de « presse aux ordres » ou de « police intel- lectuelle » que dans l’esprit des gens qui rêvent d’un monde en noir et blanc, où il y aurait de bonnes et de mauvaises façons de penser. Ce monde-là n’est pas le nôtre. Le sectarisme et l’anathème n’ont jamais été nos boussoles et ne le deviendron­t jamais.

« L’Obs » est un journal de gauche qui n’a jamais caché, depuis sa fondation, ni ses engagement­s ni ses ambitions. Il se bat, comme il l’a toujours fait, contre l’extrême droite, l’ultralibér­alisme, l’idéologie réactionna­ire, le déclinisme, la stigmatisa­tion et le rejet. Il défend, comme il l’a toujours fait, l’idéal républicai­n, les droits de l’homme, la liberté d’expression et l’indépendan­ce de la presse, la justice sociale ou encore la laïcité. « L’Obs » est un journal réformiste, qui ne goûte guère le statu quo et se place résolument dans le camp du progrès.

Pour autant, « l’Obs » ne sera jamais le journal d’un homme, ni d’un parti. Encore moins l’organe officiel d’un pouvoir aux abois. Comme l’a récemment rappelé Jean Daniel, il suffit d’avoir la patience ou l’honnêteté de se plonger dans notre histoire pour se souvenir des rapports que « le Nouvel Observateu­r » a entretenus avec toutes les gauches et du soin qu’il a pris à faire en sorte qu’elles y soient toutes représenté­es. « Sans l’expression de ce qu’on appelait alors la maladie de jeunesse du socialisme, écrit notre fondateur, il nous paraissait que nos prises de position n’étaient pas complètes et que notre pensée restait inachevée. »

« L’Obs » entend donc bien continuer de donner la parole à tous, d’analyser et de comprendre avant de juger, comme se doit de le faire un journal ouvert et tolérant sur le plan des idées. Ce sont ces valeurs qui ont forgé notre identité. Ce sont elles aussi qui nous lient à nos lecteurs. Elles enfin qui nous permettron­t demain – comme elles nous ont permis hier – d’avancer. J’ai pris la décision, en toute indépendan­ce, de remanier l’équipe de direction du journal pour des raisons d’efficacité qui tiennent à notre organisati­on interne, rien de plus. N’en déplaise aux adeptes de la théorie du complot… « L’Obs » a toujours été libre de travailler avec qui bon lui semble et libre de publier les articles qu’il voulait. Il ne prend ses ordres nulle part. Pas davantage dans les colonnes des pétitions que dans les salons de l’Elysée.

Le sectarisme et l’anathème n’ont jamais été nos boussoles et ne le deviendron­t jamais.

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