Le reve canadien
VOYAGE AU PAYS DE JUSTIN TRUDEAU UN NOUVEAU MODÈLE POUR LA FRANCE ? ÉTUDES, TRAVAIL... COMMENT S’EXPATRIER
Prévenir d’urgence les dirigeants des grandes démocraties mondiales : il n’y a jamais de fatalité en politique. Voyez à quoi ils en sont rendus aujourd’hui, à peu près partout, qu’ils soient au pouvoir ou en campagne, parce qu’ils pensent que c’est la seule demande d’un électorat tétanisé par les périls de l’époque : repli nationaliste, crispation identitaire sur fond de rejet phobique de l’islam et, maigre cerise sur ce gâteau amer, austérité budgétaire pour naviguer à vue à travers une interminable crise. Quel dommage qu’aucun ne regarde parfois un peu au-delà de ses frontières. Il constaterait qu’il existe un pays qui contredit cette loi, un pays surréaliste au regard des standards du moment : celui qui le dirige mène une politique d’ouverture tous azimuts à l’égard des étrangers et des minorités, s’autorise à ouvrir grand les vannes budgétaires, fait voter des lois de société avancées et, avec tout ça, reste, après sept mois de pouvoir, à un niveau insolent de popularité.
Le dirigeant se nomme Justin Trudeau, le pays, le Canada, et la presse mondiale a parlé des deux quand le premier est arrivé à la tête du second, en octobre dernier. Il est vrai que le nouveau Premier ministre avait ce qu’il faut pour attirer les caméras : sa jeunesse – 43 ans au moment de l’élection – ; un nom célèbre – son père, Pierre Elliott (1919-2000), a été chef du même Parti libéral et Premier ministre un demi-siècle avant lui (1) – ; une femme superbe – Sophie, ancienne vedette de télévision – ; et un physique à concourir au prix Nobel du sexappeal. Peu de temps après sa victoire, on a aussi beaucoup vu circuler la photo du gouvernement qu’il venait de constituer, parce qu’il n’est pas si fréquent de voir un cabinet respectant totalement la parité hommes-femmes, ni, au poste de ministre de la Défense d’un pays occidental, un magnifique sikh portant barbe et turban. Puis, comme souvent, l’intérêt est retombé, et « Justin », comme on l’appelle ici, a été assigné au rôle de beau gosse de service de la planète people, celui qui apparaît par petits flashs sur les écrans, quelque part entre les dernières facéties du prince Harry d’Angleterre et la nouvelle robe de Michelle Obama. C’est dommage. On rentre d’une longue promenade dans son pays et on le confirme, l’homme vaut mieux qu’un coin d’écran. Il tente une façon de faire de la politique qui mérite qu’on la considère.
Bien sûr, l’épisode s’inscrit dans un contexte national et connaît des spécificités qui ne sont pas forcément exportables. Si le Canada échappe aujourd’hui à la vague de frilosité et de conservatisme qui a saisi la planète, c’est aussi qu’il l’a connue un temps
avant les autres, avec les dix ans de mandat du prédécesseur de Trudeau, le conservateur Stephen Harper. Pour le coup, on ne se souvient pas que celui-là ait jamais été dans le viseur médiatique planétaire. Cela se conçoit. Il représentait la caricature de politicien terne comme on n’ose même plus en coller en figuration dans les séries de HBO. Le quinquagénaire en costume sombre et à cheveux blancs qu’on ne voit jamais que descendant d’une limousine noire pour entrer dans une réunion de cabinet. Riant comme un compte en banque, gai comme un puits de mine, réac au dernier degré sur le plan des moeurs, chrétien à la limite du modèle fondamentaliste, climatosceptique, il était une sorte de George Bush Jr. en fade, à peu près seulement intéressé par ses amis du puissant lobby pétrolier qui s’occupe des sables bitumineux de l’Alberta (2), où se trouve sa circonscription. Pour le faire tomber, Trudeau n’avait pas forcément besoin d’un programme, sa personnalité suffisait. « Contrairement à son père, qui était un grand intellectuel, nous explique une journaliste d’Ottawa, capitale fédérale et coeur politique du pays, Justin n’est pas le plus intelligent autour de la table », mais il a un sens du contact humain que tous ceux qui l’ont rencontré jugent bluffant et qui le rend aussi à l’aise avec la reine d’Angleterre – souveraine du Canada – qu’avec un sansabri. Ce n’est pas une image. Notre journaliste se souvient de la rencontre inopinée au coin d’un trottoir, lors d’une visite en ville, du jeune leader et d’un SDF. Pour n’importe quel politique, c’est un moment gênant dont on n’arrive à se sortir qu’en fixant son regard très haut, là où on est sûr de ne pas croiser celui de l’homme qui est assis. « Lui, il s’est agenouillé et, tout naturellement, il a commencé à discuter. » On peut trouver le geste dégoulinant de démagogie. On peut noter aussi qu’il requiert un art et un tact qui ne sont pas donnés à tout le monde.
Justin Trudeau a mené une campagne avec un sens de la stratégie qu’on ne lui soupçonnait pas. A la tête des libéraux, le vieux parti centriste du pays, il avait à affronter les conservateurs, majorité sortante, mais aussi un rival social-démocrate (le Nouveau Parti démocratique, ou NPD), naturellement bien placé pour capitaliser sur l’usure de la droite. Il a eu le flair de contourner les deux par la gauche. Il a surtout réussi à les écraser en jouant la carte devenue si rare de l’optimisme. « Mes amis, nous avons vaincu la peur par l’espoir » est la grande phrase rooseveltienne de son intronisation. Plus original encore, dans le monde tel qu’il est, il a depuis fondé sa politique là-dessus.
Prenons ces histoires d’identité, d’immigration, de rapport à l’autre qui taraudent notre Vieux Monde et nourrissent ces interminables controverses dans lesquelles on se trouve englués comme des mouches dans la poix depuis des décennies. C’est vrai, là encore, le contexte est particulier. Le Canada est une terre construite par des immigrants et, géant sous-peuplé (35 millions d’habitants pour une superficie de 18 fois celle de la France), il continue de faire appel à l’immigration. Tous les ans, il accueille environ 250000 personnes, soigneusement sélectionnées
en fonction de leur formation et des besoins du pays. Et, contrairement à l’Europe, sa position géographique fait qu’il ne craint pas l’arrivée massive et inopinée de réfugiés ou de sanspapiers : la seule frontière terrestre est avec les Etats-Unis. Sauf en cas d’élection de Trump, on imagine mal des foules d’Américains désespérés se ruer en masse de ce côté-là.
Ça n’a pas pourtant pas empêché un débat empoisonné très comparable à ce que l’on vit toujours de notre côté de l’Atlantique. Il a commencé au Québec, la grande province francophone de la fédération, de manière latente dans les années 1990, avant de s’enflammer dans les années 2000. La querelle est partie d’une spécificité juridique locale, les « accommodements raisonnables », c’est-à-dire l’autorisation donnée à un membre d’une minorité de demander l’aménagement d’une loi faite pour la majorité, s’il estime que celle-ci viole ses droits civiques ou religieux. « L’immense majorité de ces demandes, nous explique Haroun Bouazzi, un intellectuel francotunisien de Montréal devenu un des grands spécialistes de ces questions, concernait typiquement des personnes handicapées réclamant par exemple une rampe ou une nouvelle porte dans tel ou tel édifice public. » Quelques membres de minorités religieuses s’y sont mis. Un des cas les plus médiatisés a été celui d’un jeune sikh qui réclamait de pouvoir aller à l’école avec un poignard, dont le port est requis par sa religion. Il a obtenu de la justice un jugement qu’on pourrait dire jésuitique : le couteau a été autorisé à condition qu’il soit cousu dans un fourreau dont on ne peut l’enlever. Puis il y a eu des histoires de voile, de prières et, sur fond de montée mondiale du terrorisme, de peur diffuse de l’islam, d’angoisse de perdre ses repères, le fossé s’est creusé comme partout entre deux camps de plus en plus irréconciliables, celui des laïques intraitables et celui des ouverts. Faut-il répéter les arguments des uns et des autres ? On les connaît tellement. Allons voir Bernard Drainville, représentant du premier camp, dans sa permanence de député du parti indépendantiste, le Parti québécois (PQ), situé dans une petite banlieue populaire de Montréal. Quand il a été ministre provincial, en 2012-2014, il a cherché à faire passer une « charte des valeurs québécoises », une sorte de loi de 1905 locale, qui cherchait en particulier à interdire le port de signes religieux aux représentants de l’Etat, à formaliser l’égalité des hommes et des femmes, et entendait seulement, nous dit-il, défendre cette identité québécoise qui a été si difficile à construire durant l’histoire, face aux Anglais : « On a mis à quatre cents ans à la construire, il faut comprendre qu’on ne veuille pas la voir disparaître ! »
Faux, répond Bouazzi, qui a formé à l’époque l’Association des Musulmans et des Arabes pour la Laïcité afin de défendre le point de vue opposé. Pour lui, « le Parti québécois s’était juste juré de ne manquer aucun vote raciste », et toute l’opération qu’il avait montée ne visait qu’à stigmatiser les femmes voilées et à jouer sur la haine des musulmans, éternels boucs émissaires. La défaite du PQ aux élections provinciales de 2014 a enterré la charte et fait retomber la pression pour un temps. Celle-ci est remontée d’un cran au plan fédéral, quand Harper, lors des élections de l’automne dernier, a décidé de jouer à son tour la carte de l’identité menacée en montant en épingle le cas – il est vrai surréaliste – d’une femme qui exigeait de venir à sa cérémonie d’entrée dans la citoyenneté canadienne en voile intégral. Reprise des hostilités. Drainville s’en étrangle encore : « Franchement ! est-il anormal de demander à une personne de montrer son visage le jour où elle devient citoyenne du pays qui l’accueille ? » « Pourquoi instrumentaliser un cas qui est une exception, sinon pour tenter une fois de plus de tout jouer sur la peur de l’islam ? » note, de son côté, Bouazzi.
Ne jugeons ni les uns ni les autres. Contentons-nous de constater qu’on est, jusque-là, en pays connu. Et qu’on ne l’est plus du tout quand on regarde comment Trudeau a géré l’affaire. Lui a campé sur une seule ligne, inexplorée, à notre connaissance, en Europe, où elle serait considérée comme délirante : liberté tous azimuts, on n’interdit rien à personne, le niqab on s’en fiche, ce n’est pas une question, on va de l’avant. Et il est allé de l’avant sans
Le Premier ministre a son mantra : “La diversité est une bénédiction.”
plus se préoccuper du fameux débat, au nom d’un multiculturalisme totalement assumé (et, entre parenthèses, inventé jadis par son père) : le Canada est un pays de toutes les couleurs, « la diversité […] est une bénédiction ». Tout le reste a suivi. Il y a eu la formation du gouvernement le plus diversifié de l’histoire du pays (dont une Amérindienne, une ancienne réfugiée afghane, deux personnes handicapées et quatre sikhs – c’est-à-dire plus que dans le gouvernement indien, notent les connaisseurs). Il y a eu la décision, en décembre, à peu près au moment même où, de l’autre côté de la frontière, Trump voulait interdire le sol des Etats-Unis à tout musulman, de recevoir 25 000 réfugiés syriens, que le Premier ministre est allé accueillir lui-même à l’aéroport en ouvrant les bras. Il y a eu toutes ces images que ce roi de la com adore donner de lui : « Justin » avec un foulard sur la tête allant prier avec des sikhs ; « Justin » posant pour des selfies avec des femmes voilées; et même « Justin » en kamis, la longue tunique blanche traditionnelle, priant dans une mosquée au milieu d’une foule de fidèles. L’image date du temps où il était dans l’opposition, mais elle est ressortie en janvier dernier. On imagine l’effet qu’elle aurait produit partout ailleurs dans le monde occidental. Un néoconservateur américain ne s’est d’ailleurs pas privé de la diffuser en posant cette question angoissée : « Le jeune Trudeau est-il musulman? » Au Canada, pas grand monde n’a relevé, sauf quelques twittos farceurs qui ont balancé sur le réseau une autre photo de leur Premier ministre, sortant d’un train cette fois, et assortie de cette légende : « Serait-il aussi secrètement contrôleur des chemins de fer ? » Et depuis le débat, le fameux débat qui nous hante encore tant ici, est retombé comme un soufflé, comme soudain daté, d’un autre âge.
Est-ce pour autant que tout est réglé? diront les sceptiques. Est-ce pour autant que les tensions identitaires ont disparu, comme par miracle ? L’optimisme béat du Premier ministre n’estil pas plutôt le symptôme d’un déni de réalité et la preuve que son pays est devenu celui des « Bisounours », comme a lâché Mme Le Pen, très colère après une visite canadienne calamiteuse durant laquelle absolument aucun responsable de premier plan n’a accepté de la rencontrer ? Tout ce que l’on peut dire, c’est que, lors de notre propre pérégrination, on n’a été frappé par aucun tsunami de niqabs ni de salafistes hirsutes dans les rues des villes, mais qu’on ne pouvait croiser un immigré venu de partout au monde qui ne chante les louanges de son pays d’adoption et de son nouveau chef avec une ardeur qui tirerait des larmes à M. Finkielkraut. On a encore dans l’oreille les hurlements de joie patriotique de Kali, un chauffeur de taxi, originaire du Maroc, qui est arrivé au « pays de l’érable » il y a trois décennies et n’en partirait pour rien au monde. « Mais en Europe ? ose-t-on, pour tenter la contradiction, vous n’auriez pas eu ça ? » Ça le fait hurler de plus belle : « Vous plaisantez? Mon frère est en Belgique depuis quarante-cinq ans, ses enfants et ses petits-enfants sont nés en Belgique, et on lui demande encore ses papiers ! » Ici, la police ne les lui a jamais demandés, sauf une fois, mais elle s’est excusée parce que c’était une erreur.
Trudeau is inclusive », il est « incluant », disent les commentateurs, c’est sa ligne de force. Il a l’art de faire entrer dans la communauté ceux qui, pour une raison ou une autre, s’en sentaient à l’écart et, par ailleurs, a l’art de le faire avec un chic qui n’est qu’à lui. Les féministes l’adorent parce qu’il a fait sauter les restrictions à l’avortement mises en place par le gouvernement précédent, parce qu’il a fait un gouvernement absolument paritaire, mais aussi pour l’imparable petite formule avec laquelle il l’a défendu. A une journaliste qui lui demandait quel besoin il avait eu de mettre autant de femmes que d’hommes dans son cabinet, il a simplement répondu : « Because we are in 2015 » (« parce que nous sommes en 2015 »).
Les défenseurs des droits LGBT l’adorent parce qu’il vient de faire passer une loi pour protéger les transgenres contre les agressions, et aussi parce qu’il devrait être, en juillet prochain, le premier chef de gouvernement du Canada à participer à une Gay Pride.
Et les jeunes, portés sur la fumette ici comme ailleurs, en attendent beaucoup parce qu’il a promis une loi pour légaliser la consommation de cannabis. Là encore, notons, dans un soupir, le fossé creusé entre notre vieux pays et le sien. En France, les quelques malheureux responsables qui osent une phrase prônant une autre approche d’une pratique pourtant aussi répandue que la consommation de baguettes risquent le lynchage immé-
diat : comment oser précipiter ainsi la jeunesse dans l’enfer de la drogue ? Lui a promis la loi avec un argumentaire d’un pragmatisme en béton : il faut légaliser ce commerce tout simplement parce que « la prohibition ne marche pas » et « engorge les tribunaux », et aussi pour éviter que les profits de trafic ne « tombent dans les mains de criminels ». On notera cependant qu’il n’est pas le premier sur le continent à avancer dans cette voie : l’Uruguay et plusieurs Etats des Etats-Unis l’y ont précédé. On notera aussi que le projet n’en est qu’au stade de la promesse de campagne et que sa concrétisation est encore loin. Cela n’est pas si simple à mettre en oeuvre, la légalisation d’une substance jusque-là interdite. Qui sera autorisé à la vendre? Qui produira ? Une régie canadienne des haschichs? Des producteurs privés ? Pour l’heure l’examen de toutes ces questions a été remis à une « commission d’experts », le genre d’institution qui peut ouvrir la voie à tout : un montage ambitieux ou un enterrement de première classe.
C’est tout le problème du personnage. Son optimisme charmeur ne sera-t-il qu’un beau miroir aux alouettes ? Un coup de com fugace qui ne débouchera sur rien? Trudeau, on l’a dit, mise tout pour l’instant sur l’« inclusive ». Qu’en sera-t-il quand il faudra trancher, c’est-à-dire, par définition, prendre un parti et donc en exclure un autre ?
Sur le plan économique, il a joué la carte du déficit. Ça lui a permis de baisser les impôts des classes moyennes, de subventionner des travaux d’infrastructures. L’idée est évidemment, selon le vieux principe keynésien, de stimuler l’économie et donc, in fine, d’attendre la croissance induite par l’argent injecté pour renflouer les caisses. Qu’en serat-il si cette relance échoue et qu’il faut combler les trous de plus en plus profonds? Ne faudra-t-il pas prendre l’argent quelque part, et donc mécontenter, décider, se fâcher ?
On l’a dit, Harper, le prédécesseur, était l’ami des grands pétroliers et penchait du côté du climatoscepticisme. Il avait carrément fait sortir le pays du protocole de Kyoto. Trudeau a décidé de le repeindre en vert. Sitôt après son élection, il a fait une apparition triomphale à la COP21 de Paris sur l’air de « Canada is back », l’ex-mauvais élève est de retour. C’était habile. Ça a servi son image internationale et ça lui a permis au passage de négocier des objectifs de réduction de gaz à effet de serre très modestes. Peut-il lâcher le pétrole pour autant, dans un pays qui vit aussi de l’exploitation, par ailleurs particulièrement polluante, des sables bitumineux? Et comment avoir l’air de laisser tomber Fort McMurray, la capitale de l’or noir, située dans l’Alberta, au moment où la ville sort à peine d’un gigantesque incendie de forêt qui a failli la détruire? Dilemme shakespearien moderne qui prend ces temps-ci la forme très prosaïque d’un pipeline. Il en faut un nouveau pour sortir le précieux liquide de l’Alberta et le vendre à l’étranger. Par où le passer? On a pensé au Sud, pour aller jusqu’au Texas, mais Obama a refusé. L’Ouest ? C’est la Colombie-Britannique qui s’est dressée en colère parce que le maudit tuyau souillerait des zones protégées et des réserves autochtones. Alors l’Est, c’est-à-dire le Québec? C’est envisageable, mais pas simple non plus : un des points de sortie maritime envisagés pour le fâcheux tube arrive juste à un endroit qui sert de pouponnière aux bébés bélugas, ce qui n’est pas terrible quand on fonde tout sur une image de gentil. L’affaire n’est pas neuve. Elle traîne depuis des années et tient de la patate chaude, mais tout le monde se demande comment « Justin » va la gérer, puisqu’il l’a en main. Tout le monde se le demande d’ailleurs pour toutes les autres qui vont nécessairement s’accumuler. C’est le grand jeu du moment. Jusqu’à quand l’élégant équilibriste va-t-il tenir sur son fil de chance ? Les conservateurs rappellent que même Harper était populaire au début de son mandat. La presse guette le faux pas (voir encadré ci-dessus). Et la plupart des Canadiens qu’on interroge disent : « Pour l’instant, on est toujours contents de lui. » Après sept mois au pouvoir, on en connaît beaucoup d’autres qui trouveraient déjà ça pas si mal. (1) De 1968 à 1984, avec une interruption de neuf mois en 1979-1980. (2) Pour comprendre les enjeux des sables bitumineux de l’Alberta : « Fort McMoney », le web-documentaire réalisé en 2013 par le journaliste français David Dufresne. A voir sur www.fortmcmoney.com/#/fortmcmoney