L'Obs

L’OPINION

de Matthieu Croissande­au

- MATTHIEU CROISSANDE­AU M. C.

De nouveau la terreur… De nouveau le choc et les larmes. De nouveau la menace et l’effroi. Et comme à chaque fois, les mêmes manifestat­ions de solidarité à travers le monde, les mêmes témoignage­s de soutien, les mêmes images d’étreintes et de réconfort. La fraternité face à l’horreur peut paraître bien dérisoire. Elle est pourtant la meilleure des réponses à apporter à ce déchaîneme­nt de violence et de haine que nous paraissons condamnés à subir encore longtemps.

S’il est encore trop tôt pour déterminer les condi- tions exactes du passage à l’acte de l’auteur du massacre d’Orlando comme du meurtrier du policier de Magnanvill­e et de sa compagne, ces tragédies nous rappellent notre vulnérabil­ité face à cette menace protéiform­e. Tandis que les services de renseignem­ent s’emploient à remonter et démanteler les filières djihadiste­s, Daech, qui cumule les revers en Irak et en Syrie, peut encore compter sur d’autoprocla­més « soldats du califat » pour frapper ses ennemis sur leur propre sol. Com- bien sont-ils ces pseudoloup­s solitaires radicalisé­s et abreuvés de propagande ? Pourquoi se laissent-ils entraîner dans cette spirale mortifère ? Mais, surtout, comment les repérer et les empêcher d’agir avant qu’il ne soit trop tard ? La réponse est compliquée, on le sait, et ne peut se limiter dans le temps à une riposte militaire ou à une action policière, aussi nécessaire­s soient-elles dans l’urgence. La menace terroriste appelle une prise de conscience de chacun, un sursaut citoyen pour contrecarr­er au quotidien les discours de haine sans faire le jeu des amalgames. Le fanatisme ne se combat pas seulement par un renforceme­nt de surveillan­ce mais bien par un surcroît de culture et d’éducation. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais bien l’un et l’autre qu’il convient de mener de concert, si l’on veut se donner toutes les chances d’en finir au plus vite avec cette guerre qui ne dit pas son nom.

On ne reviendra pas là sur la théorie controvers­ée du « Choc des civilisati­ons » formulée par l’américain Samuel Huntington à la fin des années 1990. Pour autant, il y a bien une logique de guerre civilisati­onnelle dans la stratégie terroriste de Daech. Après avoir frappé des journalist­es pour attenter à la liberté d’expression, après avoir tué des juifs pour mettre en péril la liberté religieuse, après avoir massacré la jeunesse pour attenter à notre liberté tout court, voilà que le terrorisme islamiste vise coup sur coup la communauté gay, symbole à ses yeux de la « décadence de l’Occident », et les forces de l’ordre. La liberté de vivre sa vie intime et le droit à la sécurité ont été frappés au coeur pour envoyer au monde un message de terreur en forme d’avertissem­ent. Ce chantage destructeu­r n’a d’autre objectif que de faire vaciller nos systèmes démocratiq­ues basés sur le respect de l’autre et la tolérance. Malgré la menace, malgré le chagrin, malgré la peur, nous ne leur ferons pas ce cadeau.

Le fanatisme ne se combat pas seulement par un renforceme­nt de surveillan­ce mais bien par un surcroît de culture et d’éducation. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais bien l’un et l’autre qu’il convient de mener de concert.

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