L'Obs

COMMENT RÉPARER L’EUROPE

Les raisons historique­s de la crise Après le vote britanniqu­e, les dix chantiers à lancer d’urgence Les analyses de Daniel Cohn-Bendit et d’Hubert Védrine

- SYLVAIN COURAGE

Al’évidence, le 23 juin 2016 marque un tournant dans l’histoire de l’Europe. Plus rien ne sera vraiment comme avant. Que les Britanniqu­es votent pour ou contre la sortie de l’Union européenne, un nouveau principe de réalité s’impose. En plaçant les interrogat­ions sur la souveraine­té, l’immigratio­n et l’identité au coeur du débat, les millions de partisans du « Brexit », qui partagent désormais l’euroscepti­cisme avec une majorité d’Européens, ont mis fin à l’entre-soi des chefs d’Etat. Le peuple s’exprime ! Les eurocrates bruxellois ne peuvent plus feindre d’ignorer la multitude, forcément braillarde. Et, quoi qu’ils pensent des assauts de démagogie de cette campagne électorale tragique, le mal est fait.

En arrachant des concession­s préalables en vue du maintien du Royaume-Uni parmi les Vingt-Huit, la deuxième puissance du continent s’est affranchie des règles communes. Elle a obtenu le droit de snober l’euro, de suspendre les prestation­s sociales pour les ressortiss­ants de l’UE et de mettre un veto au sacro-saint principe d’une « union toujours plus étroite ». C’est « l’Europe à la carte », désormais prônée par Marine Le Pen et ses amis nationaux-populistes qui partout prétendent rafler la mise. Au Danemark, en Suède, aux Pays-Bas, en Hongrie et en Répulique tchèque, ces démagogues réclament déjà un référendum sur le modèle britanniqu­e…

Sur l’océan démonté des opinions, le radeau européen paraît bien frêle. Et le camp européiste, condamné à l’énergie du désespoir. Comment éviter le naufrage ? Et réussir le sauvetage? En analysant, étape par étape, les défaillanc­es historique­s d’un projet de paix et de prospérité qui s’est perdu en route, comme le font Guy Verhofstad­t, Elisabeth Guigou ou Pascal Lamy (lire p. 34). Mais aussi en se projetant vers l’avenir. Pour Daniel Cohn-Bendit, l’heure est plus que jamais à une « Europe efficace, donc fédérale », tandis que l’exministre Hubert Védrine plaide, lui, pour une « fédération des Etats-nations » (lire p. 40 et 41). Ce débat ne date pas d’hier. Il opposait déjà Maurice Schumann et de Gaulle, et paraît bien difficile à trancher. Pour avancer, soyons pragmatiqu­es. Face à la tragédie des migrants, aux nécessités de la relance économique ou à l’urgence de la lutte contre le terrorisme, les nations n’ont pas d’autre choix que de coopérer (lire p. 42). C’est en s’attelant aux tâches les plus urgentes que l’Europe des femmes et des hommes de bonne volonté se relèvera et reprendra sa marche en avant. Pas à pas.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France